La lecture ou relecture de l’espace est à la mode, à l’aune du concept‑valise de mondialisation. Or l’examen critique de cette notion en révèle bien vite le flou, sinon la vacuité. L’intensification des flux commerciaux, financiers et informationnels ne suffit pas à créer une diffusion et une répartition égale et planétaire des marchandises, des services et de la culture. La mondialisation apparaît alors comme une construction de l’esprit qui tend à promouvoir un système en réalité entaché de volonté hégémonique et d’inégalitarisme.
Il est dès lors légitime de se demander ce qu’il en est de la conception de l’espace à l’heure de cette proclamation de la « mondialisation ». La Journée d’études du GEPE n’a bien sûr pas pu aborder tous les aspects de cette cruciale interrogation. Mais elle a permis de poser un regard critique sur les représentations limpides et simplificatrices, et de proposer une autre lecture du monde, de ses crises et ébauches identitaires, en conviant aussi bien l’histoire, l’économie et la sociolinguistique que l’art et la littérature à la recherche d’une autre lecture de l’espace. Les contributions s’orientent autour de la perception de cet espace en contexte colonial et post-colonial avec ses effets déstructurants et paralysants en terme de développement (contributions de T. Di Costanzo, G. Bissiriou), mais aussi ses propositions d’ouverture, dès lors que l’on pose, en opposition déterminée avec la mondialisation, la mondialité en tant que diversité d’un monde « à la fois multiple et un, et inextricable » (E. Glissant) et largement ouvert sur toutes les cultures (contributions de B. Dodu, J‑J. Alcandre, R. Somé). Nous y avons ajouté un essai de S. Neef qui, à travers une visite de la Cité Nationale de la Porte Dorée et donc en bordure de la métropole parisienne, nous permet de pénétrer dans le complexe ‘ailleurs’ que constitue l’espace de l’immigration.