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Cette nouvelle livraison des Cahiers du plurilinguisme européen s’inscrit dans la continuité du numéro 12 de 2020 puisqu’elle rassemble de nouvelles contributions interrogeant la vitalité de quelques langues dites « régionales » de France.

Les deux premières contributions portent sur les parlers dialectaux germaniques encore en usage aujourd’hui en Alsace et en Moselle, dans la zone d’implantation de la revue. Depuis l’université d’Oslo où elle a fait des études, Barbara Hoff propose une réflexion tout à fait originale et stimulante focalisée sur un phénomène linguistique commun à différentes variétés anciennes et modernes de l’allemand, l’omission du sujet référentiel, dont elle documente et explique la spécificité et le maintien dans les usages des locuteurs de l’alsacien. Catherine Lacombe restitue quant à elle les apports de l’étude qu’elle a menée sur les parlers dialectaux germaniques présents dans un espace plurilingue peu étudié, le sud du département de la Moselle, où ils sont en contact avec les dialectes romans lorrains et le français. Elle s’intéresse à l’approche patrimonialisante dont font l’objet ces différents parlers dans le contexte particulier du développement d’une réserve de biosphère sous l’égide de l’UNESCO.

Une double contribution résultant d’un échange entre deux spécialistes des langues de Bretagne fait largement écho à ces deux premiers articles, dans la mesure où il y est également question de la coexistence de deux variétés linguistiques issues de deux grands ensembles linguistiques différents, le celtique pour le breton et le roman pour le gallo, et qui ont pour point commun de se trouver en situation de minoration face au français, les dialectes romans étant dans les situations les plus précaires dans tous les cas.

Après ce tour d’horizon, la contribution de Delphine Bernhard, Marianne Vergez-Couret et Estèle Dupuy présente les défis auxquels font face les chercheurs dans le domaine du traitement automatique des langues dès lors que les outils et technologies numériques sont appliqués aux langues minorisées dont font partie les langues régionales de France.

 

Ce numéro est aussi l’occasion pour la direction de la revue de rendre hommage à notre collègue et ami Jean Dewitz (1942-2024), initiateur de la revue, récemment disparu. Originaire de la vallée de Munster, dont il a toujours continué à pratiquer le dialecte, Jean Dewitz était enseignant-chercheur en langues étrangères appliquées (allemand) à l’université Marc Bloch de Strasbourg (1984-2007) et a notamment été directeur de l’UFR des langues et sciences humaines appliquées. Membre actif du Groupe d’étude sur le plurilinguisme européen (GEPE), il a porté sur ses fonts baptismaux cette revue qui a été la première revue intégralement électronique de l’université de Strasbourg à partir de 2006 et l’a dirigée jusqu’en 2014. Pour tout ce qu’il nous a apporté à la fois scientifiquement et humainement, nous gardons de lui un souvenir ému et reconnaissant.

References

Electronic reference

Pascale Erhart, « Présentation », Cahiers du plurilinguisme européen [Online], 16 | 2024, Online since 17 décembre 2024, connection on 24 janvier 2025. URL : https://www.ouvroir.fr/cpe/index.php?id=1678

Author

Pascale Erhart

Maîtresse de conférences en dialectologie alsacienne et mosellane et en sociolinguistique à l’université de Strasbourg. Membre de la chaire Unesco sur les pratiques journalistiques et médiatiques, entre mondialisation et diversité culturelle. Ses travaux portent sur les pratiques, statuts, discours et représentations de et sur l’alsacien en ce début de xxie siècle, avec un intérêt particulier pour les médias audiovisuels et les réseaux sociaux numériques. Plus généralement, ses travaux s’ancrent dans le champ des contacts de langues et des politiques linguistiques.

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