Discussion entre Anne Creissels, Eric Fassin et Kahena Sanaâ

DOI : 10.57086/radar.197

Résumé

C’est autour d’un lexique de termes communs au monde de l’art, à la sociologie et à l’actualité que le Master Critique-Essais. Écritures de l’art contemporain de l’Université de Strasbourg a réuni les artistes et enseignantes-chercheures Anne Creissels et Kahena Sanaâ, ainsi que le sociologue Eric Fassin. Tout en donnant des clés de compréhension à des mots qui ne possèdent pas toujours de définition dans le dictionnaire, la restitution vidéo de cet échange interdisciplinaire permet de mettre en évidence les différents rapports et utilisations de ces termes selon un point de vue théorique et artistique. En effet, certains événements ont permis de médiatiser des phénomènes et, du même coup, des notions dont l’usage était, jusqu’à présent, restreint au domaine académique. Quels sont alors les nouveaux rapports que notre société entretient avec ces termes ? Tout un chacun n’a pas les outils pour penser les rapports de domination et les violences qui leurs sont inhérentes. Les intervenant·e·s s’attachent donc à recontextualiser ces notions au prisme de l’actualité politique, sociétale et culturelle, dans l’optique de produire un débat.

Index

Mots-clés

animalisation, exil, genre, intersectionnalité, migration, race, représentation minoritaire, sociologie

Plan

Texte

  • Fac-similé (PDF – 277k)

La discussion

Les échos du silence : Discussion entre Anne Creissels, Eric Fassin et Kahena Sanaâ.

Permalien: https://vimeo.com/468162969

Les intervenant·e·s

Anne Creissels, est enseignante-chercheure en arts plastiques à l’université de Lille et est également artiste dans le champ de la performance. Ses recherches, entre pratique artistique et théorie de l’art, se déploient, entre autre, autour de la survivance des mythes dans l’art contemporain, des représentations et constructions identitaires en jeu dans l’art, du geste dansé dans sa dimension performative et son lien aux arts visuels, ainsi que la mémoire inconsciente des images.

Éric Fassin est professeur de sociologie à l’université Paris VIII, spécialiste du genre et des masculinités. Chargé de cours à l’Institut d’études du genre de l’Université de Genève, il est l’introducteur en France de la pensée de Judith Butler. Éric Fassin travaille sur les rapports de domination dans une perspective intersectionnelle. Il s’attache, dès lors, à placer le vécu des oppressions au fondement de l’analyse.

Kahena Sanaâ, est artiste et enseignante-chercheure en arts, pratique et théorie au département des arts visuels de l’université de Strasbourg. Sa pratique artistique porte sur les déplacements et les mises en scène du corps en milieu urbain à l’épreuve de la production d’images, au croisement de la poïétique, de l’esthétique, de l’anthropologie urbaine et de la phénoménologie. Sa démarche artistique alterne la performance, la vidéo et l’installation. Elle s’intéresse aux questions liées à l’art de la performance, au corps étranger entre vécu et représentation et aux arts visuels en Tunisie.

Références citées dans la discussion

Références artistiques

Mona Hatoum (née en 1952 à Beyrouth) est une artiste contemporaine dont les œuvres multidisciplinaires abordent des questions politiques relatives, entre autres, à la notion de genre et du corps humain. Galerie de l’artiste

Ana Mendieta (née en 1948 à la Havane et décédée en 1985 à New York) est une artiste performeuse, sculptrice et peintre usant de la photographie et de la vidéo. A la croisée de son pays natal, Cuba, et de son exil aux États-Unis, ses œuvres portent sur la place du corps situé aux frontières : frontière du genre (féminin et masculin) et des territoires (Cuba et Etat-Unis). Ses œuvres politiques sont marquées par une forte dimension spirituelle. Galerie de l’artiste

Les Guerilla Girls (groupe fondé par Kathe Kollwitz et Frida Kahlo à New York en 1985) sont nées en réaction à la sous-représentation et à l’invisibilisation des femmes dans les musées. Elles pratiquent l’art de l’affiche et de la performance et sont connues pour avoir diffusé des affiches afin de promouvoir la place des femmes et des personnes racisées dans les arts. Site officiel

Le laboratoire de la Contre-Performance est un collectif d’artistes et chercheur·e·s fondé en 2014, qui interroge les fondements, les artifices, les rituels, les mythes et le quotidien du geste artistique. Le Laboratoire de la contre-performance tend à investir des formats hybrides de transmission du savoir tels que la conférence-performance. Montages d’images et jeux sur la matérialité de la voix, en affectant la réception des contenus, tissent alors des fictions politiques.

Podcasts

Kahena Sanaâ, Paroles d’éxilé-es.

Films

Amandine Gay (réalisatrice), Ouvrir la voix, Bras de Fer, 2017, 2h 09min. Ouvrir la voix est un documentaire sur les femmes noires issues de l’histoire coloniale européenne en Afrique et aux Antilles. Le film est centré sur l’expérience de la différence en tant que femme noire et des clichés spécifiques liés à ces deux dimensions indissociables de l’identité de « femme » et de « noire ». Le film soulève notamment la question des intersections de discriminations, d’art, de la pluralité des parcours de vie et de la nécessité de se réapproprier la narration.

Document annexe

Citer cet article

Référence électronique

Victoria Ferracioli et Yasmine Belhadi, « Discussion entre Anne Creissels, Eric Fassin et Kahena Sanaâ », RadaЯ [En ligne], 5 | 2020, mis en ligne le 01 janvier 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.ouvroir.fr/radar/index.php?id=197

Auteurs

Victoria Ferracioli

Issue d’une famille d’ouvriers et de paysans, Victoria Ferracioli se sépare du milieu rural pour réaliser une licence en arts plastiques à l’université de Strasbourg avant de se diriger vers le master Critique-Essais, écritures de l’art contemporain. Naturaliste amatrice et écologiste, elle questionne les relations qui se nouent entre humains, non-humains et environnement au sein d’œuvres d’art contemporain dans le contexte de la crise écologique actuelle. Son mémoire de fin d’étude porte sur l’empathie esthétique à l’ère de l’anthropocène et met en lumière les revendications artistiques, écoféministes et les pratiques corporelles en lien avec l’écologie profonde. Son parcours lui a permis d’acquérir des expériences de coordination, de commissariat d’exposition, de médiation et de critique.

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Yasmine Belhadi

Diplômée d’une licence en design graphique et du master Critique-Essais, écritures de l’art contemporain de l’université de Strasbourg, Yasmine Belhadi s’engage, dans ses écrits théoriques, à proposer une histoire décoloniale des pratiques artistiques. Son approche s’attache à dépasser les regards essentialistes portés sur les individus et les cultures pour favoriser une vision complexe et fluide des identités. En proposant une lecture intersectionnelle des rapports de domination, ses recherches rendent compte des pratiques de soin opérées par les artistes contemporains pour réparer les corps que les multiples violences subies ont rendu vulnérables. Son intérêt pour les arts africains et arabes l’ont amené à travailler pour la Fondation Kamel Lazaar à Tunis ou la galerie Mashrabia au Caire.

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