Depuis septembre 2015, la base de données en ligne VOCES1 (VOCabulaire pour l’Étude des Scripturalités médiévales) est librement consultable sur le site de l’équipe d’accueil. Ce dernier évolue du coup dans ses fonctions, puisqu’à son rôle initial de présentation de l’équipe et des travaux en cours, s’ajoute désormais celui de diffusion de la recherche. L’introduction sur la page d’accueil du site d’un onglet « Bases de données » manifeste en quelque sorte visuellement ce changement et devrait permettre à d’autres projets similaires de rejoindre VOCES.
Ce vocabulaire – ainsi que je l’ai indiqué dans la brève introduction qui sert de page de garde à la base de données –, vise à reprendre les définitions de termes et d’expressions en usage dans les « études sur les scripturalités médiévales ». Ce champ de recherche interdisciplinaire et international initié dans le monde anglo-saxon dans les années 1970 autour de la notion de literacy, s’est développé durant les deux décennies suivantes en Allemagne avec la pragmatische Schriftlichkeit, puis a gagné le monde francophone dans les années 2000. Depuis 2010 environ, le néologisme « scripturalité » tend à s’imposer, tandis que la question des pratiques médiévales de l’écrit est l’objet d’un véritable engouement de la part des médiévistes. Au fil des années et de l’accumulation des études, de nouvelles notions ont été forgées dans les principales langues européennes. Ces vocables, ou du moins ceux que j’ai été amené à utiliser, sont répertoriés dans VOCES et font l’objet d’une définition en français, la première finalité de cette entreprise étant de permettre aux chercheurs francophones de se familiariser avec cette terminologie foisonnante qui, il faut bien l’avouer, tend parfois au jargon.
La base comprend à l’heure actuelle 107 entrées. Chacune donne généralement lieu à une courte définition. Dans une petite dizaine de cas, on ne trouvera qu’un simple renvoi vers une notice complète : il s’agit de vocables dont l’usage est bien établi dans une langue étrangère – et qui à ce titre ont souvent été repris tels quels par les auteurs français – mais dont l’équivalent en notre langue est désormais d’un usage attesté (ainsi « scripturalisation » pour Verschriftlichungprozess). Au minimum, une référence bibliographique permet à l’usager du site de retrouver, si ce n’est l’inventeur de la notion, du moins l’un de ses principaux utilisateurs. Une rubrique laisse place aux équivalents ou traductions des termes attestés dans des langues étrangères (essentiellement en anglais et en allemand pour l’instant). Des entrées en lien avec la notion lue sont signalées et sont accessibles en cliquant dessus, grâce au gros travail d’élaboration du site effectué par Guillaume Porte. Les articles sont par ailleurs consultables dans l’ordre alphabétique en activant un menu déroulant. On trouvera également au bas du texte introductif une figure – pour l’instant non « cliquable » – qui vise à situer visuellement les unes par rapport aux autres un certain nombre de notions ayant trait aux compétences en littéracie et en quasi-littéracie.
Si VOCES a déjà fait l’objet d’un référencement parmi les outils en ligne à l’adresse des médiévistes sur le site menestrel.fr, la version actuelle est loin d’être complète et exhaustive ; si tant est que l’on puisse viser l’exhaustivité en la matière. Le projet entre actuellement dans sa deuxième phase. Celle-ci visera d’une part à enrichir le site, d’autre part à lui assurer une plus grande reconnaissance scientifique avec l’espoir d’en faire un site de référence en la matière. À l’heure actuelle, un comité scientifique international chargé de valider les définitions est en voie de constitution. Il devrait voir le jour au début de l’année 2016.
Par ailleurs un atelier VOCES a été lancé dès cette année universitaire 2015-2016. Il se réunira à peu près une fois par mois2. Mis en place par Isabelle Laboulais et moi-même, il vise à regrouper tous les membres de notre équipe dont les recherches portent sur l’histoire des pratiques de l’écrit, quelle que soit leur période d’étude. Plusieurs doctorants travaillent en effet actuellement sur des sujets mobilisant de telles notions tant en histoire médiévale qu’en histoire moderne, et ils auront un intérêt pratique à participer à ces réunions. Des spécialistes d’autres disciplines seront en outre également conviés, notamment ceux qui interviennent dans le cadre du Master d’Études Médiévales Interdisciplinaires (MEMI). L’atelier aura pour première tâche de réviser les articles actuels. Il procédera par la suite à la rédaction de nouvelles notices destinées à enrichir le site, une fois l’approbation du comité scientifique obtenue. La base de données devrait connaître une mise à jour annuelle.