Vivre ensemble [en milieu transfrontalier] : des flux, des médias, des cultures

p. 294-296

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20 mai 2019 | Journée d’étude
Org. Eleni Mitropoulou, Sophie Ruch1

Cette journée, composée d’exposés et de débats, soutenue par l’ANR IDFI Nova-Tris, centre de compétences transfrontalières, concernait les dynamiques territoriales vues depuis les enjeux communicationnels. Elle a été organisée au Campus Fonderie (université de Haute-Alsace) dans le cadre du programme « Recherche & Formation par le conseil en information et en communication pour les structures à vocation transfrontalière » (ComTrans)2. Ce dernier interroge en effet les moyens mobilisés, les besoins présumés et les pratiques adoptées en information et en communication dans la perspective de favoriser à la fois la relation du public au territoire et la relation entre territoires. La rencontre du 20 mai 2019 a mis en écho des approches et des travaux de niveau inter-régional, menés dans le cadre du pôle « Transition Socio-Écologique, espaces publics et territoires » du laboratoire CIMEOS (université de Bourgogne-Franche-Comté) et du pôle « Culture·s et médias : milieux de communication, dispositifs, usages » du laboratoire CRÉSAT (université de Haute-Alsace).

Les problématiques auxquelles cette journée a essayé de répondre étaient nombreuses. Si le « vivre ensemble » s’élabore de façon transversale – géographique, sociale, économique et culturelle –, qu’en est-il de ses pratiques de communication ? Quels atouts, quelles carences caractérisent une communication elle-même transversale ? Dans des réalités territoriales multiples et variées comme celles contemporaines où le numérique a un rôle à jouer dans la co-construction d’une communication communautaire, quels aspects sont partagés ? Comment le numérique pourrait-il jouer un rôle central dans la communication selon la diversité des territoires et des pays ?

La journée s’est articulée autour de trois ateliers, une conférence inaugurale d’Eleni Mitropoulou (université de Haute-Alsace), coordinatrice du projet de recherche ComTrans, et une conférence de clôture de Carmen Rico De Sotelo (université du Québec à Montréal). Eleni Mitropoulou a tout d’abord introduit les intervenants et acteurs de l’organisation de cette journée, avant d’opérer un premier cadrage conceptuel en s’exprimant sur « la communication et son milieu ».

Le premier atelier, coordonné par Sophie Ruch (université de Haute-Alsace), était consacré aux « territoire, acteurs, flux ». Michèle Archambault (ESPE Strasbourg) a traité de la politique d’enseignement des langues et de la spécificité territoriale du bilinguisme, découlant de l’héritage culturel et historique alsacien. Si les politiques éducatives demeurent assez top-down, elle a souligné le dynamisme de certains acteurs de terrain. Fabien Bonnet (université de Haute-Alsace) s’est ensuite engagé dans une réflexion sur le design thinking et l’institutionnalisation de pratiques managériales convergentes en zone transfrontalière ; il s’est demandé quel lien pouvait exister entre territoire, frontière, culture et communication des organisations. Cyril Masselot (université de Bourgogne-Franche-Comté) a enrichi la réflexion par son approche de l’intelligence territoriale, qu’il a définie comme l’intelligence collective appliquée à des territoires (en opposition à l’intelligence économique). Elle se fonde sur l’interaction et vise à recréer des liens essentiels, selon les schémas du développement durable.

Dans le deuxième atelier, « technologie numérique, pratiques transmédias », Alex Frame (université de Bourgogne-Franche-Comté) et Nanta Novello Paglianti (université de Bourgogne-Franche-Comté), qui a animé cet atelier, ont présenté une recherche portant sur l’utilisation de Twitter dans le cadre des élections européennes. Ils se sont demandé ce qu’il en était de l’espace public européen, si le débat avait un caractère transfrontalier ou transnational et quelles formes celui-ci prenait, en analysant un corpus de début de campagne. En comparant un corpus français et italien, ils ont conclu que les enjeux étaient souvent vus au travers de la loupe nationale. Carsten Wilhelm (université de Haute-Alsace) s’est quant à lui exprimé sur la question des données personnelles, se demandant s’il s’agissait d’une « frontière du numérique ». Il a insisté sur l’existence de différences culturelles dans l’approche de la privacy, notamment entre la France et l’Allemagne, même si le Règlement Général de Protection des Données change la donne. Enfin, Sabine Bosler (université de Haute-Alsace) a présenté sa recherche doctorale sur l’éducation aux médias en France et en Allemagne. Les deux approches sont singulières et ancrées dans des héritages culturels et historiques spécifiques. Elle a pu constater que la coopération transfrontalière dans ce domaine se faisait la plupart du temps via une approche d’éducation par les médias, entre professeurs de langue, augmentant la confusion entre éducation aux et par les médias.

Au sein d’un dernier atelier intitulé « culture·s et valeurs de communication », animé par Marielle Bourdot (université de Bourgogne-Franche-Comté), Nanta Novello-Paglianti a interrogé la notion de frontière appliquée au secteur culturel, ainsi que le rôle de l’art en tant que moyen de médiation culturelle et d’animation du territoire, en prenant l’exemple de projets transfrontaliers montés par des institutions muséales. Catherine Roth (université de Haute-Alsace) s’est ensuite penchée sur les médiations territoriales transfrontalières par le patrimoine, soutenant, en s’appuyant sur des exemples architecturaux, que ce dernier, malgré la porosité des frontières, est souvent porteur de significations nationales, et que les médiations par le patrimoine sont essentielles dans la constitution nationale et identitaire.

Pour clore la journée, Carmen Rico De Sotelo s’est prêtée à l’exercice de la synthèse à la lumière de son propre parcours, entre l’Uruguay et le Canada. Elle a offert de précieuses réflexions sur les notions de territoire et de frontière, tout en invitant à réfléchir davantage sur celles de « mobilité » et de « circulation ».

1 Le présent compte rendu a été rédigé par Sabine Bosler, doctorante en sciences de l’information et de la communication (université de Haute-Alsace).

2 Voir p. 331-334.

Notes

1 Le présent compte rendu a été rédigé par Sabine Bosler, doctorante en sciences de l’information et de la communication (université de Haute-Alsace).

2 Voir p. 331-334.

Citer cet article

Référence papier

« Vivre ensemble [en milieu transfrontalier] : des flux, des médias, des cultures », Revue du Rhin supérieur, 1 | 2019, 294-296.

Référence électronique

« Vivre ensemble [en milieu transfrontalier] : des flux, des médias, des cultures », Revue du Rhin supérieur [En ligne], 1 | 2019, mis en ligne le 01 novembre 2019, consulté le 27 avril 2024. URL : https://www.ouvroir.fr/rrs/index.php?id=114

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