Bec et ongles contre l’extinction : une approche géohistorique et géopolitique de la cohabitation entre hommes et cigognes blanches en Alsace

DOI : 10.57086/rrs.255

p. 133-151

Résumés

Constatant l’inégale capacité des espèces à mobiliser les sociétés humaines pour éviter leur extinction, cet article propose d’interroger les causes de la sollicitude particulière des Alsaciens pour la cigogne blanche.
À partir de l’étude des causes historiques et géopolitiques de la promotion de l’oiseau au rang de symbole de l’identité régionale, il s’agit de fournir des éléments d’explication concernant les dispositifs spatiaux ainsi que l’actuelle répartition de l’oiseau en Alsace, afin d’interroger le processus de co-construction liant les humains à leurs milieux.

Von Postkarten bis hin zu Firmenlogos ist der Storch – Ciconia Ciconia – in den Augen von Touristen und Elsässern seit langem ein Teil des elsässischen Territoriums. In den 1960er Jahren wurde das Elsass jedoch durch das bevorstehende Aussterben der Störche bewegt.
Unser Beitrag bietet einen Blick auf die Geschichte des Storchs als Symbol des Elsass, das sowohl von Elsässern als auch von ausländischen Touristen anerkannt wird, um die Mobilisierung gegen dieses Aussterben zu verstehen, aber auch die besondere Bedeutung, die ihm zuerkannt wurde: In der Tat zeigt die Erzählung über das wahrscheinliche Aussterben des Storchs auf lokaler Ebene die Angst vor einem weiteren Verschwinden, dem einer proteanischen und mythologischen Identität, die von der Geopolitik und der spezifischen Sprach- und Kulturgeschichte des Elsass konstruiert wurde.

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Dans sa volumineuse synthèse de zoogéographie historique, au chapitre des actions humaines portant secours aux espèces animales en voie d’extinction, Xavier de Planhol écrit que « le nec plus ultra en la matière a sans doute été la restauration de la population des cigognes blanches en Alsace, où cet emblème traditionnel de la région était au bord de la disparition »1. Mais si la politique alsacienne de réintroduction de la cigogne peut légitimement se présenter comme un exemple réussi et inspirant de lutte contre les atteintes à la biodiversité, le président de la LPO-Alsace, Yves Müller, appelle à ne pas faire de l’échassier « l’arbre qui cache l’oiseau »2 : d’autres espèces sont menacées d’extinction à l’échelle locale, comme le courlis cendré ou le grand tétras.

Les espèces ne présentent donc pas toutes la même aptitude à générer des politiques de protection de la part des sociétés humaines qui cohabitent avec elles. Dans le contexte de la sixième extinction et dans la perspective de contribuer à la construction des outils nécessaires pour y faire face, nous souhaitons proposer une amorce de réflexion géohistorique, spatiale et temporelle, permettant de comprendre la sollicitude particulière dont la cigogne blanche a pu bénéficier, à la différence d’autres espèces en voie d’extinction sur le même territoire, tout en essayant d’établir, à une échelle plus fine, quels espaces ont été plus particulièrement concernés et pour quelles raisons.

En termes de temporalités, répondre à une telle problématique demande, en nous appuyant notamment sur les travaux de Georges Bischoff, de revenir sur l’histoire de la promotion de la cigogne blanche en tant que symbole d’une identité régionale façonnée par les changements de nationalité imposés à l’issu des guerres successives entre la France et la Prusse, puis l’Allemagne, depuis 1870.

L’étude des premières initiatives privées menées après la Seconde Guerre mondiale afin de renforcer la population des cigognes montre que l’évolution de la situation politique, linguistique et culturelle de l’Alsace divise les acteurs quant à l’opportunité de se mobiliser pour l’oiseau : or, c’est justement cette réflexion sur les différentes façons de donner du sens à la présence — ou l’absence — de la cigogne qui nous permettra enfin de proposer, en ce qui concerne les spatialités, quelques premiers éléments d’explication de la nouvelle répartition de ciconia ciconia en Alsace, en établissant une typologie des espaces de la réintroduction, et donc des liens entre humains, oiseaux et territoires.

Du xixe siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale : l’invention d’un lien spécifique entre la cigogne, les Alsaciens et leur territoire

L’histoire des valeurs et des représentations très positives que les sociétés humaines ont attribué aux cigognes blanches partageant leur espace est aujourd’hui bien connue. Symbole de la piété filiale et de la fidélité conjugale pour les anciens Grecs, elles sont aussi perçues comme prestataires appréciées de services écologiques au Moyen Âge et pendant la Renaissance, en tant que prédatrices des serpents, crapauds et autres nuisibles.

En tant qu’oiseau migrateur revenant à chaque printemps, la cigogne devient également un symbole de fertilité, origine de la légende de l’oiseau apportant les bébés au monde3. Mais, en temps de crise, elle devient surtout un symbole de la paix retrouvée : la cigogne revient en effet nicher lorsque les combats sont terminés, et que les champs sont à nouveau cultivés, faisant ressortir de terre les proies dont elle fait sa nourriture. Cette représentation de la cigogne en tant que symbole de la paix retrouvée est attestée dans l’espace rhénan au xviiie siècle par le poète suisse Johann Peter Hebel, qui écrit après le passage des armées révolutionnaires :

De hesch so rothi Strümpfli a.
Isch öbbe Bluet vom Schlachtfeld dra?
Wo esch die schwarze Fegge g’no?
Bisch öbbe z’nooch an d’Flamme cho?
[…]
He jo, ‘s mag wieder ziemli goh,
Und’s Feldpiket isch nümme do ;
Wo Lager gsi sin Zelt an Zelt,
Goth jetzt der Pflug im Ackerfeld4.

À partir de 1871, la cigogne géopolitique : un symbole de fidélité à la France

À l’issue de la guerre Franco-Prussienne de 1870, le traité de Francfort, en 1871, fait de l’Alsace et de la Moselle une part de l’Empire allemand. Un culte des provinces perdues se développe parmi les Alsaciens francophiles et se diffuse en France sous l’impulsion des optants, ceux qui ont quitté l’Alsace afin de rester Français. La cigogne, symbole de piété filiale et de fidélité, qui survole chaque année la France lors de son départ et son retour de migration, devient alors le symbole de l’attente du retour de l’Alsace dans le giron de la France5.

Un nouveau genre littéraire se développe, le roman alsacien, à l’image de Les cigognes, légende rhénane d’Alphonse Daudet, une œuvre patriotique pour enfants dans laquelle des Alsaciens fidèles à la France combattent des Allemands appelés « mangeurs de saucisse » : et qu’il s’agisse d’un étudiant querelleur, d’un garde forestier ou de militaires, c’est à chaque fois une cigogne qui punit le malfaiteur en le ramenant de force sur l’autre rive du Rhin6.

Ainsi, toute une littérature participe à construire la fausse image d’une cigogne territorialisée, spécifiquement alsacienne, fuyant l’Allemagne et les Allemands. Le livre Au pays des cigognes nous en donne un bel exemple : « Il est à remarquer, du reste, que les cigognes se fixent en Alsace seulement. Elles n’habitent point la France et on en trouve à peine en Allemagne, sur les bords du Rhin. Pourquoi cette préférence pour notre pays ? Personne n’a jamais pu l’expliquer. »7

Souvent, la presse française, et notamment celle des colonies d’Afrique du Nord, où de nombreux Alsaciens ont trouvé refuge après 1871, se montre plus vindicative dans l’association entre diminution des cigognes et domination allemande : « Les vues représentant les cigognes sur les toits de Strasbourg appartiennent déjà presque à la légende. On raconte en Alsace qu’elles ont déserté le pays depuis l’occupation allemande. Espérons, pour le pittoresque du paysage, qu’elles reparaîtront en grand nombre quand Strasbourg sera redevenue ville française »8.

Ce thème de la cigogne francophile et inscrite dans un territoire français atteint son apogée lors de la Première Guerre mondiale, sous la plume du caricaturiste Jean-Jacques Waltz, mieux connu sous le pseudonyme Hansi. Il s’inspire d’une comptine bien connue en Alsace, dans laquelle un enfant demande à la cigogne de bien vouloir lui apporter un petit frère :

Cigogne, cigogne, t’as de la chance
Tous les ans tu vas en France
Cigogne, cigogne rapporte-nous
De là-bas un petit piou-piou9.

« Piou-piou » était alors le surnom donné aux soldats français. Hansi ne demande donc pas à la cigogne de lui livrer un bébé, mais de mener en Alsace l’armée française afin de mettre fin à la domination allemande, et de permettre aux Alsaciens de retrouver leur nationalité française.

Ces différents exemples, collectés notamment par Georges Bischoff et Philippe Arnold10, témoignent de l’engagement des artistes, Alsaciens ou non, qui prend la forme de tentatives de disqualifier la nouvelle frontière politique en la remplaçant par l’invention d’une frontière environnementale dont la cigogne serait l’élément paysager discriminant. Il s’agit ainsi d’attribuer à la cigogne une agentivité francophile, afin de naturaliser, biologiser l’appartenance de l’Alsace à la France, validée par la présence de l’oiseau et donc par la Nature elle-même.

Prise de conscience et premières interprétations de la disparition des cigognes

Cette construction de la cigogne blanche en tant que symbole identitaire est contemporaine des premières interrogations en Europe portant sur l’extinction potentielle de certaines espèces d’oiseaux11. Dans le sud de l’Alsace, c’est la puissante Société Industrielle de Mulhouse (SIM), une association d’entrepreneurs animés d’intentions philanthropiques12, qui prend acte de la régression du nombre de cigognes dans la région. En 1912, son Comité des Sciences Naturelles prend l’initiative de formuler des hypothèses pour expliquer cette diminution : l’utilisation croissante de pesticides empoisonnant les criquets en Afrique, et donc indirectement les cigognes qui s’en nourrissent pendant leurs migrations, ainsi que les travaux d’endiguement du Rhin réduisant les zones humides, biotopes favoris des échassiers13.

Afin de valider ses hypothèses, le Comité des Sciences Naturelles de la SIM initie une correspondance avec le professeur Thienemann de la station ornithologique de Rossiten : cette collaboration témoigne alors d’un intérêt scientifique partagé, très éloigné de la volonté de faire de la cigogne un symbole patriotique. Aussi, lorsque l’Alsace redevient française, cette collaboration entre la SIM et la station de Rossiten continue. En 1927, lorsque le comptage des nids en Alsace commence, et en 1936, alors qu’elle commence à s’intéresser aux techniques de baguage, la Société Industrielle de Mulhouse et son Comité des Sciences Naturelles prennent toujours les stations ornithologiques allemandes de Rossiten et Helgoland comme référence14. À partir de 1932, la SIM commence également à s’intéresser aux expériences de Max Bloesch, un ornithologue du canton de Soleure en Suisse craignant la disparition des cigognes dans son pays et cherchant à développer une méthode de réintroduction.15

Après la Seconde Guerre mondiale : combattre l’extinction, mais de qui ?

Réalité de l’extinction et réponses techniques

En 1947, l’ornithologue alsacien Alfred Schierer compte 173 couples de cigognes en Alsace, 98 couples en 1954, puis enfin seulement 9 couples en 1974. De son côté, Max Bloesch ne peut que constater, en 1950, la complète disparition de la cigogne blanche dans la Suisse voisine. Après avoir établi que la plupart des cigognes mouraient au cours de leur migration16, ils développent conjointement une technique visant à détruire l’instinct migratoire de l’oiseau.17

Il s’agit de la méthode dite « des enclos » : les cigognes élevées en captivité pendant trois années perdent à terme leur instinct de migration, et deviennent sédentaires à la condition qu’on les nourrisse en hiver18. L’objectif est de constituer une base de cigognes sédentarisées, afin d’inciter les migratrices à s’arrêter et à nidifier à proximité, la cigogne étant un animal grégaire.

Dans les années 1960 et 1970, l’exemple de l’enclos du parc de l’Orangerie de Strasbourg dirigé par Alfred Schierer motive plusieurs particuliers à participer au mouvement de réintroduction naissant, en construisant des enclos à cigognes sur leurs propres terrains privés. L’exemple le plus extraordinaire nous semble être celui du parc à cigognes de Molsheim, édifié par le restaurateur Eugène Ferrenbach avec l’aide de son ami Leopold Sedhar Senghor, président du Sénégal, avec qui il s’était lié d’amitié dans un camp de prisonniers allemand pendant la Seconde Guerre mondiale19 !

Dès le début se pose néanmoins une question éthique : la sédentarisation forcée des cigognes par négation de leur agentivité est-elle acceptable ? Par exemple, lorsque Jacques Renaud ouvre son enclos à Kintzheim en 1970, il raconte qu’il « passe pour un doux hurluberlu, et on lui reproche un acte contre-nature »20.

Évolution du nombre de couples de cigognes blanches en Alsace et en Suisse

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La courbe la plus foncée correspond à l’Alsace, la plus claire à la Suisse).

Un mouvement écologiste hésitant : sauver l’environnement ou sauver le milieu ?

Dans la continuité de l’année 1968, un mouvement écologiste transnational, se définissant comme alémanique, réunit des activistes d’Alsace, du Land de Bade et de Suisse alémanique, dans l’objectif de s’opposer aux projets des industries chimiques et nucléaires sur les sites de Fessenheim (1977), Wyhl (1975) et Markolsheim (1974)21. Mais ce mouvement ne semble pas vouloir s’emparer de la problématique de la protection ou de la réintroduction de la cigogne dans les paysages. Au contraire, les intellectuels alsaciens apparentés au mouvement semblent plutôt vouloir faire de cette extinction un symptôme d’une autre disparition, jugée beaucoup plus préoccupante : celle du dialecte alsacien, conçu comme le médiateur essentiel entre l’individu et son environnement. Le poète, professeur et militant André Weckmann illustre parfaitement cette perte du lien au lieu lorsque la langue de référence change :

j’ai connu des chemins de sureau et de prunelle
jadis
holdrstock on’ schleh
les bourdons fredonnent en langue archaïque
le singsang de nos plaines
tandis que passent les écoliers de
Zornevillère
gazouillant en langue françoise
sous la férule de Monsieur Chnaidaire
sous la houlette de Mademoiselle Chvaitzaire
voulez-vous-cesser-de-parler-alsacien-mes-enfants
j’ai connu des chemins de sureau et de prunelle
jadis
holdrstock on’ schleh
mais il n’y a plus de singsang
dans ma plaine
et le refrain des enfants m’a crié :
va-t’en
étranger22.

Nous voyons ici une illustration pratique des apports théoriques de la mésologie d’Augustin Berque23, appelant à considérer l’environnement comme un donné global objectif à partir duquel l’individu (ou le groupe) construit son milieu, en humanisant l’espace par le symbole (et donc par l’intermédiaire de la langue) tout comme il l’anthropise par la technique. Selon Berque, le milieu de l’individu se construit par un aller-retour constant entre les deux pôles théoriques du subjectif et de l’objectif, dans un processus nommé « trajection ». On comprend alors que, dans un même environnement (donné objectif global), deux individus d’une espèce ou d’une culture différente ne construiront pas le même milieu. Or, dans cette perspective mésologique, la langue utilisée par l’individu joue un rôle essentiel dans le système symbolique lui permettant de trajecter l’environnement en milieu, en donnant du sens à l’espace, en l’humanisant par le symbole.

De façon pratique, c’est ce qu’exprime André Weckmann : dans l’extrait proposé, l’environnement objectif ne change pas. Par contre, le lien que l’auteur a tissé avec le lieu par l’intermédiaire de sa langue, allant jusqu’à entendre les bourdons fredonner dans cette « langue archaïque », est brisé lorsqu’une autre langue de référence (le français, donc) s’impose. On pense ici à Cioran : « on n’habite pas un pays, on habite une langue »24. C’est pourquoi André Weckmann perçoit la cigogne prise en tant que symbole régional comme un élément de caricature : sans la langue qui permet de créer un lien avec l’environnement (ici, la cigogne), afin d’en faire son milieu, son monde porteur de valeurs et de sens, la sauvegarde de la cigogne ne serait plus que l’artifice, le pis-aller masquant la disparition de l’identité culturelle et linguistique.

Une cigogne jacobine ?

Une part des militants régionalistes, souvent liés au mouvement écologiste prônant le fédéralisme plutôt que la centralisation, associe même clairement cette priorité donnée à la préservation de la langue régionale à une attitude de rejet envers les politiques naissantes de réintroduction de la cigogne blanche en Alsace. À l’image d’un auteur comme Eugène Phillips, dont le profil est proche de celui d’André Weckmann — enseignant, ancien incorporé de force dans la Wehrmacht, militant de la spécificité linguistique et culturelle alsacienne — la cigogne est alors dénoncée comme un élément de caricature des réalités alsaciennes, imposée par les représentations des touristes et d’un Paris jacobin n’ayant pas effectué de mises à jour depuis l’œuvre de Hansi : « Le régionalisme alsacien n’a plus le droit de cité (sauf sous l’image caricaturale des cigognes, de la choucroute et des nœuds à la Hansi […] Dans l’atmosphère de décolonisation, de réveil des minorités, de naissance de régionalisme de type nouveau (pas les cigognes…), du développement de l’esprit européen, la réaction s’amorce »25.

Ces références à l’œuvre de Hansi rappellent le contexte de la promotion de la cigogne en tant que symbole d’une Alsace cherchant à affirmer son identité française après 1871 : dans le contexte du réveil des régionalismes dans les années 1970, la problématique de l’identité linguistique est toute autre, et se pense dans l’opposition au jacobinisme centralisateur. La mobilisation autour de la cigogne est alors considérée comme une manifestation cocardière appelant l’Alsace à se conformer à l’image qu’en demandent les élites politiques de la capitale, au nom de l’assimilation.

Cigogne d’Alsace et cheval de Troie

Un autre aspect de ce rejet des initiatives de réintroduction apparaît lorsque la presse locale fait état d’un projet de l’entreprise japonaise Sony :

[…] selon Antoine Waechter, tête de liste des Verts, les grands patrons de Sony auraient fait modifier les plans de la future usine de Ribeauvillé imaginée par les concepteurs français. Ils estimaient que l’intégration dans le paysage n’était pas suffisant et auraient notamment fait rajouter une tour pour supporter un nid de cigognes. Reste à souhaiter qu’on ne placera pas dans ce nid des cigognes en plâtre made in Hong-Kong26.

Ici, ce n’est plus le centralisme jacobin qui est mis en accusation, mais la conformation à des représentations imposées par l’intégration à une économie mondialisée, dont on craint qu’elle puisse conduire à une forme d’aliénation culturelle et de disneylandisation27 des paysages alsaciens.

Pour André Weckmann ainsi que pour une grande part du mouvement écologiste de sa génération, le problème principal n’est donc pas la disparition de la cigogne, mais la disparition de la langue et de la culture qui pouvaient donner un sens à sa présence dans les paysages alsaciens, ce qu’Augustin Berque aurait traduit par la disparition du corps médial permettant de trajecter la cigogne en élément constitutif du milieu des Alsaciens. Le changement de contexte politique et linguistique fait également craindre que la cigogne puisse être un cheval de Troie imposant les vues et représentations d’acteurs étrangers à la région, sanctionnant une perte de leur maîtrise de leur territoire, mais surtout de leur identité par les Alsaciens.

Les enseignements de la réintroduction : quelques pistes à différentes échelles

À l’échelle de l’Alsace : acteurs et moyens d’une réintroduction réussie

Aujourd’hui, selon la LPO, l’Alsace compte 1 400 cigognes28, et semble avoir dissipé la crainte de la disparition locale de l’espèce générée par les quelques neuf individus comptés en 1974. Pour arriver à ce résultat, il aura fallu concilier la volonté de patrimonialisation de l’oiseau avec la méfiance des mouvements écologistes et régionalistes focalisés sur l’opposition à la centrale nucléaire de Fessenheim et/ou sur la défense du dialecte alsacien. Cette performance est réalisée grâce à une personnalité au profil apte à jouer l’interface entre ces différentes positions : le sénateur Henri Goetschy.

Ancien réfractaire à l’incorporation de force dans la Wehrmacht, Henri Goetschy est un militant reconnu de la défense des particularismes culturels, historiques et linguistiques de l’Alsace29. Mais il est aussi vétérinaire de profession, et donc particulièrement sensibilisé et compétent sur les problématiques liées aux animaux et à leurs relations avec les sociétés humaines. Il fonde en 1983 l’APRÉCIAL — Association pour la réintroduction de la cigogne blanche en Alsace — afin de fédérer ornithologues, chercheurs et services du département du Haut-Rhin, dans l’objectif de synthétiser, diffuser et encadrer les pratiques, notamment celles liées à la méthode des enclos développée par Bloesch et Schierer.

L’importance de l’implication d’Henri Goetschy pour convaincre les acteurs les plus réticents à la politique de réintroduction s’illustre particulièrement bien dans l’exemple de l’Écomusée d’Alsace. Marc Grodwohl, alors président de l’association Maisons Paysannes d’Alsace en charge du site, avoue aujourd’hui ses premières hésitations et les raisons de son ralliement à l’APRÉCIAL de Goetschy :

L’initiative de la réintroduction des cigognes revient entièrement à Henri Goetschy, qui tout naturellement compte tenu de nos relations amicales, m’avait proposé d’accueillir un des premiers enclos.
J’avoue qu’au début je n’étais pas très chaud. De toutes parts des aigris faisaient à l’écomusée le mauvais procès d’être un « Hansiland », un parc d’attractions sublimant l’Alsace fantasmée.
Je me méfiais donc de tous les symboles qui pouvaient étayer cette thèse.
Mais rapidement la magie de la vie a pris le dessus et nous avons tous, visiteurs et gens de musée, été convaincus. Les visiteurs du musée préparaient sur le parking leurs casse-croûte, les cigognes à l’affût le leur dérobaient aussitôt30.

Dès 1991, l’APRÉCIAL signe des conventions avec EDF, afin de sécuriser les lignes et pylônes électriques présentant des risques de collision ou d’électrocution des oiseaux pendant leurs déplacements ou leurs tentatives de nidification31. C’est d’ailleurs EDF qui finance les premiers panneaux certifiant l’obtention du label « Village cigognes d’Alsace » créé par l’APRÉCIAL afin d’inciter les communes à signer une charte de bonnes pratiques32.

Si l’on peut faire l’hypothèse d’un intérêt d’EDF en partie guidé par la recherche d’initiatives vertes permettant de combattre l’hostilité du mouvement d’opposition au nucléaire, la mise en place de ce label est au départ pensée dans le cadre d’une future « route des villages-cigognes d’Alsace », reprenant le principe des multiples routes touristiques de la région33, laissant présager d’un intérêt surtout touristique de la part des communes s’engageant dans le projet.

Si elle est fondamentale, la part du tourisme dans l’intérêt porté par les acteurs à la politique de réintroduction des cigognes peut néanmoins être discutée en portant l’analyse à des échelles plus fines.

À l’échelle des communes : des marqueurs identitaires à vocation multiple ?

Le Comité des Sciences Naturelles de la SIM a publié dès 1938 une carte montrant les emplacements des nids de cigognes, ainsi que leur nombre, dans toute la région34. La comparaison avec la situation actuelle35 montre que certains territoires, dépourvus de cigognes en 1938, sont aujourd’hui parmi ceux qui en comptent le plus. Il s’agit donc de formuler des hypothèses afin de commencer à expliquer leur volontarisme particulier dans la politique de réintroduction.

La carte de 1938 ainsi que la littérature du début du xxe siècle36 nous montrent que les vallées vosgiennes sont des espaces dans lesquels les cigognes ne nichent pas, ou alors de façon exceptionnelle. L’enquête de la SIM n’indique aucun nid pour Munster (vallée éponyme), ni pour Sentheim (vallée de la Doller) en 1938, alors qu’aujourd’hui ces deux communes comptent plus de 30 couples chacune, ce qui les fait figurer parmi les premières colonies du département du Haut-Rhin.

Évolution de la répartition de la population de cigognes blanches dans le département du Haut-Rhin, 1938-2021

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L’explication, ici, semble surtout la volonté de se connecter aux flux touristiques de la région, concentrés sur le vignoble et les trois grandes villes principales de la plaine (Colmar, Strasbourg et Mulhouse). Dès la fondation de l’APRÉCIAL, c’est en effet l’association locale des commerçants de Munster — l’association GREGO — qui intervient afin d’ouvrir l’un des premiers parcs de réintroduction37, alors qu’à Sentheim, c’est l’initiative privée d’un restaurateur encore une fois, Fernand Farny, qui initie la démarche dès 197638. Les cigognes élevées en enclos attirent les migratrices, qui s’y fixent et renforcent la colonie, menant aux fortes concentrations actuelles.

Or, ces deux vallées, malgré tous leurs charmes, sont dépourvues des maisons à colombages et des vignobles vendus aux touristes en tant qu’image de l’Alsace. Les commerçants se sont alors emparés de l’opportunité de la réintroduction des cigognes afin de composer des paysages correspondant aux représentations des touristes, dans un processus d’artialisation in situ : on invite donc les cigognes à nicher sur les toits des bâtiments du centre historique de la commune, dans ce qui pourrait être vu comme le central tourists district appelant les visiteurs à un safari-cigognes, appareil photo à la main.

Le cas de Mulhouse est également intéressant. Un nid habité est attesté par la SIM jusqu’en 1925 dans la rue d’Illzach39. Puis, la cigogne disparaît du centre-ville, jusqu’à une initiative de l’association « Mulhouse, j’y crois » qui lance une campagne de financement participatif en 201340 afin d’installer, en collaboration avec l’APRÉCIAL, un nid sur le toit de l’hôtel de ville. Selon les membres de l’association, il s’agit de changer l’image de Mulhouse, dont le passé de ville industrielle a construit des réalités très éloignées des paysages archétypaux créés par l’œuvre de Hansi et recherchés par les touristes : « Nous pensons que Mulhouse ne capitalise pas assez sur son appartenance à l’Alsace […] La cigogne va apporter de la convivialité, un côté bienfaisant et une bonne image au centre-ville de Mulhouse »41.

Néanmoins, la volonté de satisfaire aux représentations des touristes ne semble pas la seule motivation. En effet, plusieurs indices montrent que la fausse idée, développée à des fins nationalistes à partir de 1871, d’une cigogne nichant exclusivement en Alsace et offrant un argument biologique et naturaliste à la spécificité alsacienne, a survécu jusqu’à aujourd’hui dans les représentations d’une partie des habitants. La réintroduction de la cigogne dans l’espace vécu devient alors un marqueur identitaire fort pour les habitants eux-mêmes, un certificat d’appartenance à une identité alsacienne passant par la cohabitation avec l’oiseau.

Dans le Journal des Spectacles, conçu surtout à l’usage des habitants de la région, à la page du site présentant une vidéo du couple de cigognes qui occupe le nid installé par l’association « Mulhouse, j’y crois », on peut par exemple lire la confirmation suivante du mythe : « Saviez-vous que l’Alsace est l’une des seules régions au monde où les cigognes s’installent dans les villes ? »42.

De même, dans la commune de Sausheim, dans la banlieue de Mulhouse, le déplacement d’un nid dangereux suscite un courrier furieux de la part d’un habitant, témoignant d’un attachement viscéral à la présence de l’oiseau : « Je pense qu’il faudrait enlever les nouveaux panneaux à l’entrée de notre commune qui mentionnent Sausheim Commune d’Alsace, cela n’a plus de sens »43. Pour cet habitant, la présence de l’oiseau est donc garante du caractère alsacien d’un territoire.

De façon moins dramatique, Gérard Wey, directeur scientifique de l’APRÉCIAL durant toutes les années d’activité de l’association, confirme cet attachement sentimental de beaucoup d’Alsaciens à « leurs » cigognes, et en offre une synthèse aimable à travers cette anecdote :

Un jour j’ai demandé à des élèves : pour vous, la cigogne, c’est quoi ?
Une petite fille de 9 ans m’a répondu :
— La cigogne, ça apporte les bébés.
— Mais non, ça c’est ta grand-mère qui te l’a dit. Pour toi, la cigogne c’est quoi ?
— La cigogne c’est la biodiversité.
— Mais non, ça c’est la maîtresse qui te l’a dit. Pour toi, c’est quoi la cigogne ?
— La cigogne, c’est joli et ça rend les gens heureux44.

Cette anecdote invite à poursuivre l’étude dans le cadre d’une géographie du sensible, faisant une part à la phénoménologie. Là encore, les outils développés dans l’approche mésologique d’Augustin Berque sont particulièrement opérants, et permettent de démontrer que la place de la cigogne dans le milieu des Alsaciens est issue d’un long processus historique d’allers et retours constants entre les deux pôles théoriques de l’objectif et du subjectif : en Alsace, la cigogne existe donc en tant que quelque chose de sensiblement différent que dans d’autres territoires, n’ayant pas traversé les mêmes contextes politiques, culturels et linguistiques. Au point, donc, d’être réellement perçue comme une exception sur les toits d’Alsace, malgré tous les contre-exemples constatables dans toute l’aire de répartition de l’animal, et comme un oiseau « qui rend heureux ». La réintroduction ne peut donc pas être pensée dans sa seule dimension touristique, mais aussi et peut-être surtout dans sa dimension de vecteur de lien au lieu45 pour les habitants.

Des dispositifs spatiaux spécifiques à l’Alsace ?

Enfin, c’est l’étude des formes particulières des dispositifs spatiaux permettant la réintroduction qui peut contribuer à nous en livrer le sens.

Ainsi, si la méthode des enclos a été utilisée dans la plupart des pays ayant entrepris un renforcement de leur population de cigognes, en cassant l’instinct migratoire et en permettant la sédentarisation par le nourrissage en hiver, de tels dispositifs ont été abandonnés par les Allemands et les Suisses de façon coordonnée, dès la signature de la résolution de Russheim en 1995. Celle-ci stipule que : « l’objectif principal du travail en faveur de la cigogne blanche consiste dans le maintien ou le rétablissement d’une population stable et autonome possédant toutes les caractéristiques de l’espèce vivant en liberté »46.

De tels dispositifs spatiaux se maintiennent pourtant en Alsace, au nom des activités ludiques proposées aux touristes, ce que dénonce l’APRÉCIAL et la LPO :

Pour l’APRÉCIAL, le temps est venu d’arrêter la réintroduction et de limiter le nourrissage des sédentaires libres. Ce n’est plus la peine de garder les cigognes en enclos pour les touristes, dit M. Wey.

[…] Aujourd’hui, c’est plus pour le folklore et le tourisme, déplore Christian Braun, directeur de la LPO en Alsace47.

Ainsi, dans la ville de Cernay par exemple, le nourrissage des cigognes en parc s’est maintenu jusqu’aujourd’hui, et apparaît au registre des activités ludiques offertes aux visiteurs : « Une occasion unique pour découvrir l’animal emblématique de Cernay et de l’Alsace ! En effet, c’est au moment du repas que les cigognes viennent se rassembler au parc. Soyez aux premières loges pour admirer cet animal si typique ! »48.

Une autre forme spatiale spécifique en Alsace est celle du parc d’attractions, conçu à l’usage des loisirs de la population locale ainsi qu’aux touristes. On pense par exemple au Parc « Cigoland » de Kintzheim, mêlant manèges, spectacles de cirque et volières permettant d’admirer des cigognes. Si ce parc a été pensé en tant que support à la réintroduction, dès 1974, et donc avant la fondation de l’APRÉCIAL, il continue à maintenir des oiseaux en volières, afin d’attirer les oiseaux en liberté. Il s’agit donc, ici, d’une forme très éloignée des objectifs de la résolution de Russheim, car la nécessaire présence de la cigogne est obtenue par des dispositifs rappelant le temps des enclos.

L’Écomusée d’Alsace, déjà cité dans cet article, offre un autre exemple intéressant : car si, dans un premier temps, le musée a utilisé la méthode des enclos afin de participer à la réintroduction sous l’égide de l’APRÉCIAL, il s’est ensuite lancé dans une politique de renaturation de son site, en recréant des biotopes anciens grâce à la maîtrise de l’eau, afin de servir de conservatoire aux paysages et pratiques agricoles anciennes. Les cigognes en liberté y trouvent aujourd’hui un sanctuaire proposant le milieu idéal pour l’oiseau : avec un total de quarante nids, c’est la première colonie de la région.49

L’expérience de l’Écomusée est donc sans doute celle qui se rapproche le plus de la politique menée en Suisse, consistant à recréer un habitat idéal pour la cigogne, lui permettant de vivre libre et autonome50.

Comment expliquer cette spécificité des dispositifs spatiaux en Alsace ? Une hypothèse pourrait être de considérer que l’histoire des représentations liées à la cigogne en Alsace, depuis 1871, lie la présence de l’animal à la disparition de l’identité française des Alsaciens, puis après la Seconde Guerre mondiale à la disparition de leur particularisme culturel et linguistique, Henri Goetschy liant la défense de la langue à celle des paysages marqués par la présence des nids.

Pour les Alsaciens comme pour les touristes se diffuse alors l’idée d’une Alsace dénaturée en l’absence des cigognes : l’important devient donc de garantir sa présence, même à l’aide de dispositifs disqualifiés par les voisins suisses et allemands au nom d’une artificialisation coupable.

Conclusion

L’histoire de la cohabitation entre la cigogne blanche et la population alsacienne, depuis la rupture que constitue l’année 1871, peut être analysée comme celle d’un collectif hybride, défini par Dominique Lestel comme « une association d’hommes et d’animaux, dans une culture donnée, qui constitue un espace de vie pour les uns et pour les autres, dans lequel sont partagés des intérêts, des affects, et du sens »51.

Les humains, ébranlés dans les fondements de leur identité par les révolutions géopolitiques, puis par les transformations linguistiques et culturelles de la paix revenue, font plus que de projeter des représentations et des valeurs sur la cigogne : ils interprètent son existence et sa présence dans l’espace vécu en commun comme la validation naturelle de leur identité, et son absence comme une source d’angoisse remettant cette identité en question. De façon symétrique, si l’oiseau transforme l’humain en lui permettant de créer de l’identité, l’humain transforme l’oiseau en créant les conditions de sa disparition, puis de sa réintroduction. C’est en effet une cigogne privée de son instinct migratoire, dont l’agentivité est niée, qui est générée dans les premiers temps de la politique de réintroduction. Nous dépassons donc ici le simple cadre des représentations, car l’homme transforme son environnement et est en retour transformé par lui (par apport d’identité, de lien au lieu, par exemple).

La réintroduction de la cigogne blanche en Alsace est donc bien le résultat d’une sollicitude particulière construite historiquement (temporellement et spatialement) par des Alsaciens en recherche d’identité et d’enracinement, de transformation de leur environnement objectif en un milieu porteur de sens. C’est paradoxalement cette sollicitude particulière qui préside au développement d’un tourisme axé sur la présence de la cigogne, et donc de dispositifs spatiaux réduisant malheureusement souvent l’oiseau au rang d’objet plutôt qu’à celui de sujet.

Néanmoins, le animal turn qui traverse les sciences humaines depuis les années 2000 appelle à dépasser les catégories héritées de la modernité, en premier lieu celle d’animal en tant que « mécanique » selon la définition de Descartes. Reconnaître l’agentivité de l’oiseau-sujet impose alors de lui proposer un environnement adéquat, pour lui donner envie de se fixer et de nidifier. Le paysage issu de la coprésence de la cigogne et de l’homme devient alors une co-construction interspécifique, justifiant le titre de collectif hybride et participant à le confirmer en tant qu’outil conceptuel valide pour le développement des politiques de l’anthropocène.

1 Xavier de Planhol, Le paysage animal. L’homme et la grande faune : une zoogéographie historique, Paris, Fayard, 2004, p. 477.

2 L’Alsace, 17 septembre 2021, p. 40.

3 Philippe Arnold (dir.), Cigognes, le grand livre d’un oiseau symbole, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1992.

4 Johann Peter Hebel, « Der Storch », in Alemannische Gedichte, Karlsruhe, 1803.

5 Georges Bischoff, Pour en finir avec l’histoire d’Alsace, Pontarlier, Éditions du Belvedere, 2015.

6 Alphonse Daudet, Les cigognes, légende rhénane, Paris, É. Giraud et Cie Éditeurs, 1884.

7 Jeanne et Frédéric Regamey, Au pays des cigognes, récits d’Alsace, Paris, La librairie mondiale, 1907, p. 51.

8 Les nouvelles d’Alger, 3 septembre 1918, p. 2.

9 Jean-Jacques Waltz, Mon village, ceux qui n’oublient pas, Paris, Floury, 1913, cité dans : Philippe Arnold (dir.), Cigognes, le grand livre d’un

10 G. Bischoff, Pour en finir avec l’histoire d’Alsace… op. cit. ; Philippe Arnold (dir.), Cigognes… op. cit.

11 Valérie Chansigaud, Des hommes et des oiseaux. Une histoire de la protection des oiseaux, Paris, Delachaux, 2012.

12 On consultera avec profit l’étude de Florence Ott, La Société Industrielle de Mulhouse au temps de l’Empire allemand, Mulhouse, Société

13 Bulletin de la SIM, 1912.

14 Bulletins de la SIM, de 1927 à 1936.

15 Bulletin de la SIM, 1932.

16 Alfred Schierer, « Quarante années d’observation et de recherches sur la cigogne blanche en Alsace », Ciconia 10 (1986), p. 1-12.

17 Yves Muller, « Les cigognes perdent leur meilleur défenseur », LPO.fr, 21 janvier 2014, https://www.lpo.fr/actualite/

18 Alfred Schierer, Mémoire sur la cigogne blanche en Alsace 1948-1970, Strasbourg, Dernières Nouvelles, 1971.

19 Le Molshémien. Le bulletin municipal de la ville de Molsheim,no 47(automne 2007), document en ligne consulté le 4 juillet 2022 : https://www.

20 Bruno Susset, « Quand s’envolent les cigognes », L’Est Républicain, 7 août 2016, https://www.estrepublicain.fr/le-mag/2016/08/07/

21 Axel Mayer, Umweltgeschichte, Regionalgeschichte, in http://www.bund-rvso.de/idx-umweltgeschichte.html, site consulté le 10 mai 2021.

22 André Weckmann, « Häimet », in Schang d sunn schint schun lang, Strasbourg, Association Weckerlin, 1975, p. 89-94.

23 Augustin Berque, La mésologie, pourquoi et pour quoi faire? Nanterre, Presses Universitaires de Paris Ouest, 2014.

24 Emil Cioran, Aveux et anathèmes, Paris, Gallimard, 1986.

25 Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs (éd.), Pays d’Alsace,no 110(1er janvier 1980) : présentation de l’œuvre d’Eugène

26 Dernières Nouvelles d’Alsace, 1er mars 1986, p.46.

27 Sylvie Brunel, La planète disneylandisée, Paris, Sciences humaines, 2012.

28 Dernières Nouvelles d’Alsace, « Le nombre de cigognes poursuit son envol en Alsace », 17 septembre 2021, p. 40.

29 Henri Goetschy, Avant qu’Alsace ne meure, et moi avec, Colmar, Do Bentzinger, 2015.

30 Marc Grodwohl, correspondance personnelle, 30 octobre 2021.

31 Archives départementales du Haut-Rhin, fonds APRÉCIAL, en voie d’archivage.

32 La charte est par exemple consultable sur le site de la mairie de Sentheim, document consulté le 4 juillet 2022 : https://www.mairie-sentheim.fr/

33 Route des crêtes, des vins, de la carpe-frite…

34 Bulletin de la SIM, 1938, p. 223.

35 Florent Bodina, Résultats du suivi des cigognes blanches dans le Haut-Rhin par le Conseil Départemental en 2021. Nous remercions l’auteur pour

36 J. et F. Regamey, Au pays des cigognes… op. cit., p. 50 : « Dans toute la plaine, oui […] On n’en trouve guère dans les vallées ».

37 Site internet de la Vallée de Munster, https://www.vallee-munster.eu/fr/curieuse/munster-cigognes-alsace.html, consulté le 15 avril 2022.

38 Bulletin de la commune de Sentheim, no 32 (1995).

39 Bulletin de la SIM, 1927.

40 https://fr.ulule.com/cigognes-mulhouse/, site consulté le 6 juillet 2022.

41 Journal L’Alsace, 22 septembre 2013, p. 24.

42 Site internet du JDS, https://www.jds.fr/magazine/la-video/video-des-cigognes-au-centre-ville-de-mulhouse-69457_A, consulté le 15 mai 2022.

43 Cité dans le Bulletin de la commune de Sausheim, no 381 (avril 2019), p. 2.

44 Gérard Wey, Nos cigognes, Unsere Storcka, Unsere Sterich, [Colmar], APRÉCIAL, 2016, p. 90.

45 Augustin Berque, Le lien au lieu, Bastia, Éditions Éoliennes, 2014.

46 Cigogne Suisse, bulletin no 46 (2016/2017), p. 12.

47 Le Point, 4 octobre 2013, https://www.lepoint.fr/societe/en-alsace-les-cigognes-devront-voler-de-leurs-propres-ailes-04-10-2013-1739123_23.php

48 Site Visit Alsace, https://www.visit.alsace/239003168-le-nourrissage-des-cigognes/,consulté le 15 mai 2022.

49 Site de l’Écomusée d’Alsace, https://www.ecomusee.alsace/ecomusee-alsace/les-animaux/, consulté le 15 mai 2022.

50 À titre d’exemple, dans le canton de Soleure : Riedförderung Grenchner Witi, 2011-2015, https://so.ch/fileadmin/internet/bjd/bjd-arp/Natur_und_

51 Dominique Lestel, L’animal singulier, Paris, Seuil, 2004, p. 19.

Notes

1 Xavier de Planhol, Le paysage animal. L’homme et la grande faune : une zoogéographie historique, Paris, Fayard, 2004, p. 477.

2 L’Alsace, 17 septembre 2021, p. 40.

3 Philippe Arnold (dir.), Cigognes, le grand livre d’un oiseau symbole, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1992.

4 Johann Peter Hebel, « Der Storch », in Alemannische Gedichte, Karlsruhe, 1803.

5 Georges Bischoff, Pour en finir avec l’histoire d’Alsace, Pontarlier, Éditions du Belvedere, 2015.

6 Alphonse Daudet, Les cigognes, légende rhénane, Paris, É. Giraud et Cie Éditeurs, 1884.

7 Jeanne et Frédéric Regamey, Au pays des cigognes, récits d’Alsace, Paris, La librairie mondiale, 1907, p. 51.

8 Les nouvelles d’Alger, 3 septembre 1918, p. 2.

9 Jean-Jacques Waltz, Mon village, ceux qui n’oublient pas, Paris, Floury, 1913, cité dans : Philippe Arnold (dir.), Cigognes, le grand livre d’un oiseau symbole, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1992.

10 G. Bischoff, Pour en finir avec l’histoire d’Alsace… op. cit. ; Philippe Arnold (dir.), Cigognes… op. cit.

11 Valérie Chansigaud, Des hommes et des oiseaux. Une histoire de la protection des oiseaux, Paris, Delachaux, 2012.

12 On consultera avec profit l’étude de Florence Ott, La Société Industrielle de Mulhouse au temps de l’Empire allemand, Mulhouse, Société Industrielle de Mulhouse, 2004.

13 Bulletin de la SIM, 1912.

14 Bulletins de la SIM, de 1927 à 1936.

15 Bulletin de la SIM, 1932.

16 Alfred Schierer, « Quarante années d’observation et de recherches sur la cigogne blanche en Alsace », Ciconia 10 (1986), p. 1-12.

17 Yves Muller, « Les cigognes perdent leur meilleur défenseur », LPO.fr, 21 janvier 2014, https://www.lpo.fr/actualite/les-cigognes-perdent-leur-meilleur-defenseur, consulté le 11 novembre 2021.

18 Alfred Schierer, Mémoire sur la cigogne blanche en Alsace 1948-1970, Strasbourg, Dernières Nouvelles, 1971.

19 Le Molshémien. Le bulletin municipal de la ville de Molsheim, no 47 (automne 2007), document en ligne consulté le 4 juillet 2022 : https://www.molsheim.fr/ged/molshemien-47.pdf.

20 Bruno Susset, « Quand s’envolent les cigognes », L’Est Républicain, 7 août 2016, https://www.estrepublicain.fr/le-mag/2016/08/07/quand-s-envolent-les-cigognes, consulté le 4 juillet 2022.

21 Axel Mayer, Umweltgeschichte, Regionalgeschichte, in http://www.bund-rvso.de/idx-umweltgeschichte.html, site consulté le 10 mai 2021.

22 André Weckmann, « Häimet », in Schang d sunn schint schun lang, Strasbourg, Association Weckerlin, 1975, p. 89-94.

23 Augustin Berque, La mésologie, pourquoi et pour quoi faire? Nanterre, Presses Universitaires de Paris Ouest, 2014.

24 Emil Cioran, Aveux et anathèmes, Paris, Gallimard, 1986.

25 Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs (éd.), Pays d’Alsace, no 110 (1er janvier 1980) : présentation de l’œuvre d’Eugène Phillips, L’Alsace face à son destin, la crise d’identité, Strasbourg, Société d’édition de la Basse Alsace, 1978, p. 45.

26 Dernières Nouvelles d’Alsace, 1er mars 1986, p.46.

27 Sylvie Brunel, La planète disneylandisée, Paris, Sciences humaines, 2012.

28 Dernières Nouvelles d’Alsace, « Le nombre de cigognes poursuit son envol en Alsace », 17 septembre 2021, p. 40.

29 Henri Goetschy, Avant qu’Alsace ne meure, et moi avec, Colmar, Do Bentzinger, 2015.

30 Marc Grodwohl, correspondance personnelle, 30 octobre 2021.

31 Archives départementales du Haut-Rhin, fonds APRÉCIAL, en voie d’archivage.

32 La charte est par exemple consultable sur le site de la mairie de Sentheim, document consulté le 4 juillet 2022 : https://www.mairie-sentheim.fr/SENTHEIM_WEB/tourisme/villages-cigognes/charte-village-cigogne-d-alsace.pdf.

33 Route des crêtes, des vins, de la carpe-frite…

34 Bulletin de la SIM, 1938, p. 223.

35 Florent Bodina, Résultats du suivi des cigognes blanches dans le Haut-Rhin par le Conseil Départemental en 2021. Nous remercions l’auteur pour avoir accepté de partager ce document.

36 J. et F. Regamey, Au pays des cigognes… op. cit., p. 50 : « Dans toute la plaine, oui […] On n’en trouve guère dans les vallées ».

37 Site internet de la Vallée de Munster, https://www.vallee-munster.eu/fr/curieuse/munster-cigognes-alsace.html, consulté le 15 avril 2022.

38 Bulletin de la commune de Sentheim, no 32 (1995).

39 Bulletin de la SIM, 1927.

40 https://fr.ulule.com/cigognes-mulhouse/, site consulté le 6 juillet 2022.

41 Journal L’Alsace, 22 septembre 2013, p. 24.

42 Site internet du JDS, https://www.jds.fr/magazine/la-video/video-des-cigognes-au-centre-ville-de-mulhouse-69457_A, consulté le 15 mai 2022.

43 Cité dans le Bulletin de la commune de Sausheim, no 381 (avril 2019), p. 2.

44 Gérard Wey, Nos cigognes, Unsere Storcka, Unsere Sterich, [Colmar], APRÉCIAL, 2016, p. 90.

45 Augustin Berque, Le lien au lieu, Bastia, Éditions Éoliennes, 2014.

46 Cigogne Suisse, bulletin no 46 (2016/2017), p. 12.

47 Le Point, 4 octobre 2013, https://www.lepoint.fr/societe/en-alsace-les-cigognes-devront-voler-de-leurs-propres-ailes-04-10-2013-1739123_23.php, consulté le 4 juillet 2022.

48 Site Visit Alsace, https://www.visit.alsace/239003168-le-nourrissage-des-cigognes/, consulté le 15 mai 2022.

49 Site de l’Écomusée d’Alsace, https://www.ecomusee.alsace/ecomusee-alsace/les-animaux/, consulté le 15 mai 2022.

50 À titre d’exemple, dans le canton de Soleure : Riedförderung Grenchner Witi, 2011-2015, https://so.ch/fileadmin/internet/bjd/bjd-arp/Natur_und_Landschutz/pdf/Aktionsprogramm_Riedfoerderung_Witi_rev-2011.pdf, consulté le 15 mai 2022.

51 Dominique Lestel, L’animal singulier, Paris, Seuil, 2004, p. 19.

Illustrations

Évolution du nombre de couples de cigognes blanches en Alsace et en Suisse

Évolution du nombre de couples de cigognes blanches en Alsace et en Suisse

La courbe la plus foncée correspond à l’Alsace, la plus claire à la Suisse).

Évolution de la répartition de la population de cigognes blanches dans le département du Haut-Rhin, 1938-2021

Évolution de la répartition de la population de cigognes blanches dans le département du Haut-Rhin, 1938-2021

Citer cet article

Référence papier

Laurent Zimmermann, « Bec et ongles contre l’extinction : une approche géohistorique et géopolitique de la cohabitation entre hommes et cigognes blanches en Alsace », Revue du Rhin supérieur, 4 | 2022, 133-151.

Référence électronique

Laurent Zimmermann, « Bec et ongles contre l’extinction : une approche géohistorique et géopolitique de la cohabitation entre hommes et cigognes blanches en Alsace », Revue du Rhin supérieur [En ligne], 4 | 2022, mis en ligne le 01 novembre 2022, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.ouvroir.fr/rrs/index.php?id=255

Auteur

Laurent Zimmermann

Laurent Zimmermann est professeur agrégé d’histoire, doctorant en géographie au CRÉSAT/université de Haute-Alsace. Il prépare une thèse proposant une approche géopolitique et géohistorique du rôle de la cigogne blanche dans les dynamiques des paysages d’Alsace, de 1870 à aujourd’hui.

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