Ruscia et Rutheni dans les Gesta Danorum de Saxo Grammaticus

  • Ruscia and Ruthenia in Saxo Grammaticus’s Gesta Danorum
  • Ruscia und Rutheni in der Gesta Danorum des Saxo Grammaticus

DOI : 10.57086/sources.930

p. 131-147

Le présent article analyse le choronyme Ruscia et l’ethnonyme Rutheni qui étaient liés chez Saxo à la Rous’ et aux Rous’ et qui servaient à décrire l’ensemble des terres et de la population de l’Europe de l’Est. Toutes les occurrences dans les livres « historiques » sont en rapport avec les unions matrimoniales entre Rous’ et Danois, leurs navires et le commerce, et leur intégration dans l’Oriens. Ces topos se répètent dans les livres « légendaires » à travers une projection des réalités contemporaines sur le passé. Le concept d’Orient chez Saxo unit la Ruscia, la Scythia et l’Hellespontus et remplace probablement le terme Garðaríki de la littérature norroise. Saxo distinguait les Rutheni et les Rugyenses, ce qui ne permet pas d’associer à ces derniers le terme Rugi qui désignait au xe siècle les Rous’.

This article analyses the choronym Ruscia and ethnonym Ruthenia which were linked to the Rus’ in Saxo’s text and used to describe the lands and people of Eastern Europe as a whole. In the “historical” books, all the mentions refer to matrimonial unions between Rus’ and Danish people, their ships, trade relations and integration in the Oriens. The same subjects recur in the “legendary” books through the projection of contemporary realities onto the past. In Saxo’s text, the Orient comprises Ruscia, Scythia and Hellespontus and is probably a substitute for the name Garðaríki used in Norse literature. Saxo made a distinction between the Rutheni and Rugyenses, so that the latter cannot be connected to the term Rugi which referred to the Rus’ in the 10th century.

Der vorliegende Artikel analysiert das Choronym Ruscia und das Ethnonym Rutheni, die bei Saxo mit der Rous‘ und den Rous‘ verbunden waren und dazu dienten, das gesamte Land und die Bevölkerung Osteuropas zu beschreiben. Alle Erwähnungen in den „historischen“ Büchern beziehen sich auf die ehelichen Verbindungen zwischen Rus‘ und Dänen, ihre Schiffe und den Handel sowie ihre Integration in den Oriens. Diese Topoi wiederholen sich in den „legendären“ Büchern durch eine Projektion der zeitgenössischen Realitäten auf die Vergangenheit. Saxos Konzept des Orients vereinte Ruscia, Scythia und Hellespontus und ersetzte wahrscheinlich den Begriff Garðaríki aus der norwegischen Literatur. Saxo unterschied zwischen den Rutheni und den Rugyenses, was es unmöglich macht, diese mit dem Begriff Rugi zu assoziieren, der im 10. Jahrhundert die Rus‘ bezeichnete.

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Le xiiie siècle est reconnu par les historiens comme l’âge d’or de l’encyclopédisme médiéval de l’Occident latinophone1. Il ne serait pas exagéré de dire que l’Europe septentrionale, centrale et orientale a, au cours du même siècle, connu elle aussi son propre encyclopédisme « historique » qui a essayé de relier l’histoire nationale à une perspective universelle. En Europe de l’Est, la littérature byzantine fut activement traduite du grec vers le slave. Cependant, cela n’a pas conduit à une réécriture du « grand récit » de l’histoire nationale, présenté dans le Récit des temps passés, la première chronique de l’Europe de l’Est compilée à Kyiv au début du xiie siècle2. Les nouvelles connaissances historiques ont davantage servi d’exempla pour évaluer les événements du xiiisiècle3.

En Pologne, lorsque Maître Vincent commença sa Chronica Polonorum au début du xiiie siècle4, le grand récit avait déjà été forgé au début du xiie siècle par l’auteur des Gesta Principum Polonorum, généralement appelé Gallus Anonymus5. Pour déterminer ce que Maître Vincent a ajouté à l’histoire nationale, il suffit de soustraire les Gesta Principum Polonorum de la Chronica Polonorum6.

Saxo Grammaticus appartient sans aucun doute à ce mouvement intellectuel d’encyclopédisme « historique ». Cependant, il est difficile d’établir comment Saxo a travaillé. Il semble suivre la même voie que Maître Vincent en essayant de faire des Danois des acteurs de l’histoire antique. Toutefois, il n’avait pas à sa disposition une riche tradition écrite7. Apparemment, dans certains cas, Saxo pouvait être guidé par une tradition orale qui est difficile à reconstituer8. Il semble cependant nécessaire de comprendre les principes du travail de l’historiographe médiéval, y compris les termes ethniques et géographiques9. Ce qui semble anachronique pour l’historien moderne a servi de preuve à Saxo pour démonter l’exactitude et l’authenticité de l’histoire ancienne10. Le monde romain a joué le rôle d’un univers de référence censé donner sens à l’histoire danoise ancienne qui fonctionnait ainsi à l’instar du grand exemple romain11. Que faisait alors Saxo lorsque la tradition précédente ne lui fournissait pas les exempla nécessaires pour comprendre le passé ?

Dans notre étude nous allons analyser les ethnonymes et choronymes des Gesta Danorum, Rutheni et Ruscia, qui sont associés à l’Europe de l’Est et avant tout à la Rous’12. Laissant de côté l’origine scandinave évidente du terme « Rous’13 », on note qu’aux ixe et xiie siècles, des textes latins dont une majorité née en Bavière attestent plusieurs graphèmes décrivant la Rous’ et les Rous’. La première occurrence de l’ethnonyme Rutheni est une forme avec un t et sans h dans les Annales Augustani à la fin du xie siècle14. Ce terme appartenait à la tradition antiquisante courante au Moyen Âge qui consistait à donner aux peuples nouvellement apparus sur la scène historique des noms familiers de l’Antiquité, soit par une proximité phonétique avec leurs propres noms, soit par leur rapprochement territorial. En se basant sur ces principes, les chroniqueurs médiévaux associaient de façon paradoxale les Rous’ aux Rut(h)eni, un peuple gaulois du sud du Massif central présent dans les sources latines15.

La nouvelle terminologie ne fut pas immédiatement acceptée dans le monde latin. Le premier à utiliser systématiquement l’ethnonyme Rutheni et à l’associer avec le chrononyme Ruscia était l’auteur des Gesta Principum Polonorum. Saxo suivit le même chemin. Ruscia et Rutheni sont mentionnés dans son ouvrage dans 19 épisodes, dont 14 apparaissent dans les neuf livres « légendaires » et seulement cinq dans les sept livres « historiques ». Pour explorer ces perceptions, nous proposons d’aller du connu vers l’inconnu, autrement dit d’analyser d’abord la description des événements des xie et xiie siècles, plus proches de Saxo dans les livres dits « historiques », et de passer ensuite aux temps dits « légendaires ».

Rutheni et Ruscia dans les livres « historiques »

Dans les récits de ces événements, on peut noter trois points clés : les unions matrimoniales avec la Ruscia16, les navires et les activités commerciales des Rutheni17 et la Ruscia comme une partie inséparable d’Oriens-Eous18.

Les informations sur les mariages orientaux dans les Gesta Danorum sont brèves et fragmentaires. Le mariage du prince Vladimir Monomaque, petit-fils de Jaroslav le Sage, avec Gytha de Wessex, fille du roi Harold d’Angleterre qui avait trouvé asile à la cour danoise après 1066, peut être placé vers 1072-1074. Le récit de Saxo souligne les sentiments chrétiens du roi danois Sven II Estridsen envers l’orpheline19. Ceci n’exclut pas l’hypothèse selon laquelle la cour danoise aurait utilisé ce mariage pour sceller l’alliance politique avec Kyiv contre la Pologne. Du côté ruthène, par ce rapprochement avec le roi du Danemark, le prince Vsevolod Jaroslavich de Perejaslavl, le père de Vladimir Monomaque, et son frère Svjatoslav de Tchernihiv voulaient très vraisemblablement, selon Aleksandr Nazarenko, isoler le roi de Pologne Boleslav, le plus proche et principal allié de leur frère et adversaire, le prince Izjaslav de Kyiv20.

Les données sur la famille des Rurikides et ses descendants, telles que Saxo les présente, contiennent des imprécisions. Par exemple, le roi danois Valdemar Ier lui-même est nommé « petit-fils (nepos) », et non « arrière-petit-fils (pronepos) » du prince Vladimir Monomaque21. Saxo montre en revanche sa connaissance des relations dynastiques entre Vladimir et Valdemar, qui a hérité « du nom et du sang de son ancêtre ». Ainsi dans sa « famille bénie » coule « le sang britannique et oriental (Eous sanguis), grâce à quoi il est devenu un ornement de deux nations à la fois22 ». Pourtant, Saxo ne nous dit rien des raisons de cela, c’est-à-dire du mariage du prince danois Knud Lavard, duc de Schleswig et roi des Obodrites, avec la petite-fille de Vladimir Monomaque et fille du prince Mstislav, Ingeborg, vers 1115-112323. Cela peut paraître surprenant puisque la Genealogia regum Danorum, la Knýtlinga saga et d’autres sagas connaissent bien ce mariage24.

Par ailleurs, Saxo ne mentionne qu’un seul mariage de la sœur du roi Knud le Grand, Astrid-Marguerite, celui conclu dans les années 1010-1020 avec Richard II de Normandie, ou plus vraisemblablement avec son fils Robert25. En même temps, il ignore ses unions ultérieures, mentionnées par Adam de Brême dont Saxo connaissait sans aucun doute l’ouvrage : d’abord avec Ulf Thorgilsson, « duc d’Angleterre (dux Anglie) », et enfin, dans des circonstances inconnues, avec un « fils du roi de la Rous’ (filio regis de Ruzzia)26 ».

Autre imprécision dans les Gesta Danorum : Saxo pense que Vladimir était appelé Jaroslav chez les Ruthènes. Notons que les sources scandinaves font également une erreur en attribuant ce mariage du xie siècle à un autre Vladimir, fils (et non petit-fils) du prince Jaroslav le Sage27. Dans la littérature nordique, Vladimir Monomaque est assez souvent appelé Jaroslav, une figure clé des relations internationales au xie siècle28. Cependant, on ne sait pas si Saxo avait des idées précises sur Jaroslav à qui il donne des noms différents : Gerithaslauum, Orientalium ducem quand il parle de son beau-frère Olaf II Haraldsson, et Iarizlauus quand il évoque l’autre prénom de Vladimir Monomaque29.

Saxo mentionne un autre mariage dano-ruthène lié à l’union politique entre Valdemar Ier et Knud V. Il s’agit du mariage du premier avec Sophie, demi-sœur utérine de Knud, en 1154 ou 1157. Le père de Sophie était « Ruthène » et la mère, Richezza, était la fille du prince polonais Boleslas III Bouche-Torse30. Knud était le fils du roi de Suède Magnus le Fort, premier mari de Richezza qu’il épousa vers 1129. Sophie est née du deuxième mariage de Richezza avec un prince rous inconnu vers 1139. Par la suite, elle devint la belle-fille du roi de Suède Sverker l’Ancien, troisième époux de sa mère Richezza vers 114531. La condition de l’union entre Valdemar Ier et Knud V était que Sophie reçoive le tiers de l’héritage familial en dot.

La discussion sur l’identification du père de Sophie ne peut être considérée comme complète. Parmi les princes rurikides du xiie siècle pouvant prétendre au rôle de père de Sophie et d’époux de Richezza, nous pouvons citer Vladimir Mstislavich de Volhynia et Vladimir Vsevolodovich de Novgorod, le petit-fils du prince Mstislav, ainsi que Volodar’ Rostislavich de Przemyśl, ses fils, ou encore Volodar’ Glebovich de Minsk. Cependant, d’après la Genealogia regum Danorum et les sagas, le nom du père « ruthène » de Sophie était Waledar ou Valaðr/Valaðarr ce qui correspondrait davantage à Volodar’ qu’à Vladimir ou Valdemar32. Les contacts de Valdemar avec la Rous’ ont continué après son mariage. Cela est confirmé par l’histoire du pillage des dons diplomatiques de la Ruscia faits au roi Valdemar Ier. Ces dons furent envoyés à Valdemar par son beau-père non nommé après 1154, mais ensuite pillés par les Slaves de Rügen33.

En ce qui concerne le caractère maritime et commercial de la Rous’, il est important de lire le récit que Saxo fait du pillage des navires et des marchandises des Rutheni par le roi Sven III Grathe à Schleswig en 115334. Enfin, le pèlerinage du roi Erik Ier le Toujours-Bon à Byzance par la route orientale à travers la Ruscia en 1103 confirme le statut de ce pays comme faisant partie de l’Orient35. En même temps, le prince de Kyiv Jaroslav le Sage, beau-frère d’Olaf II Haraldsson, est nommé « duc d’Orient » par Saxo36. Le rôle important des « hommes d’Orient », sans doute une troupe de Ruthènes intervenant dans les rivalités entre Knud V et Sven III Grathe, était connu de Saxo. Cependant, lorsque Knud fut contraint de fuir vers l’est après une nouvelle défaite, le chroniqueur l’envoie en « Pologne (Polonia)37 », tandis que d’autres sources mentionnent ici la Rous’.

Rutheni et Ruscia dans les livres « légendaires »

Si nous nous tournons vers les livres « légendaires », nous y trouverons les mêmes caractéristiques constitutives de la Ruscia et des Rutheni38 : les unions matrimoniales avec les Danois39, les navires et le commerce ruthènes40, et leur intégration dans l’Oriens-Eous41.

Les liens matrimoniaux avec la Ruscia, ainsi que la possibilité de trouver refuge à l’est, constituaient un élément de prestige politique pour les rois danois42. Ces motifs attestés chez Saxo sont très vraisemblablement inspirés par les traditions scandinaves. Le premier témoignage de liens matrimoniaux avec l’Orient concerne le « père-fondateur » de la culture nordique, Odin43, ce qui donne à ces relations le sens d’un archétype culturel. Saxo nous raconte que Rostiophus le Finnois prédit à Odin que Rinda, « fille du roi des Ruthènes (Ruthenorum regis filia)44 », lui donnerait un fils qui devait venger le meurtre de Balder. Cela ressemble à l’histoire de Sigrlam, qui, selon la Hervarar saga ok Heiðreks konungs, était le fils d’Odin et le roi de Garðaríki45. Certains éléments du récit – demande en mariage, rejet, violence – nous renvoient à l’histoire du prince Vladimir de Kyiv et Rogneda de Polotsk attestée dans la Chronique de Souzdal (xiie siècle)46. S’agit-il d’un topos qui unit la littérature du Danemark à celle de la Rous’ ?

Dans l’histoire de la guerre du roi Frotho III contre le roi des Huns et les Ruthènes, nous rencontrons les trois éléments que nous recherchons47. Les navires des Ruthènes se révèlent difficiles à diriger à la rame en raison de leur grande taille. Après la victoire, Frotho, réincarnation nordique de l’empereur Auguste, réunit ses rois et leur impose une règle commune qui les force à vivre sous une seule et même loi. Le royaume de Frotho comprenait désormais la Ruscia à l’est, et s’étendait à l’ouest jusqu’au Rhin. Frotho fit d’Olimarus, qui était en même temps rex Orientalius et rex Ruthenorum, le préfet du Holmgard et d’Ønevus celui du Kønogard48. Dans ce passage, Saxo utilise pour la seule et unique fois les toponymes nordiques de Novgorod et de Kyiv, connus parallèlement dans les sagas49. Notons que Saxo unit géographiquement dans ce récit les Huns, les Ruthènes et l’Orient à plusieurs reprises.

Une construction similaire unissant tous les éléments caractéristiques de la Ruscia – origine orientale, unions matrimoniales, culture maritime – peut être observée dans l’histoire de Regnerus qui a préparé une expédition contre les Hellespontins, les Scythes et les Ruthènes. Dian et Daxon, les fils du roi d’Hellespontus, qui avaient épousé les filles du roi des Ruthènes, ont obtenu contre le Danois des troupes de la part de leur beau-père. Ensuite, Regnerus prit la mer avec sa flotte pour se rendre en Ruscia50.

Les stéréotypes ethniques sur les Ruthènes sont d’abord associés à leurs bateaux qui semblaient ne pas être gouvernés et se révélaient difficiles à manœuvrer à la rame en raison de leur taille (« Rutenorum navigia incomposita minusque ob granditatem ad remigium habilia videbantur51 ») et à leurs opérations commerciales, ce qui indique une certaine distance géographique par rapport au Danemark. Mais ils se rapportent aussi à la brutalité des Ruthènes. Celle-ci est spécialement marquée par deux histoires, une sur Rotho, pirate ruthène qui dévastait le Danemark et suppliciait ses proies en attachant leurs bras à des branches d’arbre abaissées pour que leurs corps soient déchirés lorsque ces dernières se redresseraient52, et une sur Wisinnus, massacreur notoire de Ruscia, qui avait bâti son refuge sur le mont Anafial et qui allait jusqu’à s’emparer des épouses d’hommes célèbres et à les entraîner pour qu’elles se fissent violenter, sous les yeux de leur mari53. Les deux personnages appartenant à la culture orientale, je propose de voir ici un écho du concept de crudelitas Hunnorum54.

Comme on peut le remarquer, la représentation géographique que Saxo fait de l’Est est assez floue. Cependant, il semble que la partie occidentale de la Ruscia ou sa zone d’influence dans la région du fleuve Daugava et du golfe de Riga pouvaient être plus familières au chroniqueur danois. Le roi Frotho Ier part en campagne sur les terres des Cureti55. Les commentateurs y voient les Coures ou Couroniens sur la côte ouest du golfe de Riga qui sont cités (sous la forme latine Cori) dans la Vita Sancti Anscharii56.

Ensuite, Frotho part plus à l’est en expédition contre Tranno, « tyran de la nation ruthène (Rutenae gentis tyrannus)57 », détruit astucieusement la flotte des Ruthènes et rentre chez lui. Cependant, il apprend bientôt que ses ambassadeurs envoyés en Ruscia pour y lever des impôts ont été sauvagement tués. Dans sa volonté de punir les Ruthènes, il assiège et prend la ville de Rotala en détournant la rivière, qui était sa défense naturelle, créant de nombreux ruisseaux et en réduisant sa profondeur. Après avoir détruit Rotala, Frotho s’empare grâce à une ruse de la ville de Paltisca, où régnait Vespasius. Cette fois-ci, il organise la simulation de ses funérailles et endort la vigilance de l’ennemi. Après s’être emparé de Paltisca, Frotho aspire à étendre son empire vers l’est et fait route vers les bastions du roi de l’Hellespontus, Handwanus. La ville anonyme est de nouveau prise grâce à une astuce de Frotho, mais le comportement de Handwanus, qui ordonne de se débarrasser de tous les oiseaux qui s’y trouvent, nous rappelle la prise de « la ville de Duna (urbs Duna) » qui est incendiée par des oiseaux en feu sur ordre du roi danois Hadingus pendant la guerre de Hellespontus58.

Les chercheurs ont des raisons de croire que la Paltisca de Saxo peut être identifiée à Pa(l)teskja ou Pallteskiuborg, noms usuels dans les sagas pour la ville de Polotsk sur le fleuve Daugava au Bélarus, où la présence scandinave est attestée archéologiquement à partir du milieu du xe siècle59. Dans cette situation géographique, urbs Rotala peut faire écho à la région Rotelewic ou Rotalia (« provincie, que Rotelewic et Rotalia vocatur, Rotalenses, Rotalienses provincie ») mentionnée dans l’Heinrici Chronicon Livoniae du début du xiiie siècle, rédigée donc à l’époque de Saxo. Cette région est située à l’ouest de l’Estonie (en estonien Ridala, en allemand Röthel)60. L’hypothèse selon laquelle Paltisca pourrait être identifiée au site fortifié de Pada ou Padise sur le territoire de Rotalia en Estonie est difficile à étayer. Il y a plus d’indices permettant d’identifier le site archéologique Iru sur la rivière Pirita avec Rotala, car la situation hydrographique autour de ce centre fortifié correspond, selon certains chercheurs, à la description du stratagème militaire utilisé par Frotho et évoqué plus haut61. Dans le même temps, la proximité géographique et la connexion politique de Paltisca alias Polotsk avec Rotala alias Rotalia peuvent refléter le fait connu de la dépendance tributaire de certains territoires de l’Estonie et de la Lettonie actuelles vis-à-vis de la Rous’ du xie au xiie siècle62.

Il est possible que la connaissance relative que Saxo a du bassin de la Daugava soit liée à la pénétration des Danois à partir des xe et xisiècles dans cette région63. Les premiers sites scandinaves sont apparus dans les pays baltes à l’époque Vendel (à Grobiņa en Lettonie), mais Polotsk n’apparaît pas avant le xe siècle64. L’arrivée assez tardive des Scandinaves dans cette région, avec Rogvold (Rǫgnvaldr65) en tête, est assez surprenante. On ne peut s’empêcher de se demander si le récit de Saxo sur l’expansion de Frotho III n’est pas un écho de la mémoire culturelle des événements de cette époque66, transférés au passé légendaire du roi Frotho selon les principes de la vision historique utilisée par le clerc danois. À cet égard, on peut se demander si urbs Duna, prise par Hadingus67, est aussi liée dans la géographie mentale au bassin de la Daugava, en allemand Düna.

Que-ce que l’Est pour Saxo ?

On remarque que les idées de Saxo sur la Ruscia et les Rutheni qui étaient sans aucun doute liés culturellement et politiquement à la Rous’ de l’Europe orientale sont plutôt vagues. Parfois, elles sont soumises à des stéréotypes empruntés à l’histoire relativement récente. Cette histoire, à son tour, n’est pas détaillée par Saxo. L’éloignement de ces pays du Danemark brouille les détails des événements historiques. L’éloignement des événements dans le temps oblige Saxo à les saturer de détails. Les deux options sont presque interdépendantes. Ces observations ne s’appliquent pas seulement à la Ruscia et aux Rutheni comme des caractéristiques principales de l’Europe orientale. Chez Saxo, les ethnies sont en général dépourvues de leur subjectivité, elles ne sont qu’une fonction et des signes des territoires où elles opèrent. Ces espaces, y compris marins, font l’objet d’un développement, d’une délimitation et d’une appropriation de la part des Danois68. Ce sont les relations et les corrélations géographiques et spatiales qui déterminent les visions du monde et leurs reflets dans la tradition écrite, ainsi que la forme et la méthode des contacts entre les peuples et les groupes ethniques69. Lorsqu’il s’agit de décrire d’immenses espaces territoriaux et temporels, une carte mentale est plus importante pour l’auteur médiéval que l’exactitude historique. Cette carte est éclectique, mais revêt définitivement un caractère général. L’éclectisme spatial naît non seulement de la connaissance empirique de l’ethno-géographie fixée par la tradition orale, mais aussi de la familiarité avec la littérature antique.

C’est cet éclectisme qui complique la détermination des sources orales dont Saxo a pu disposer. Elles auraient pu coïncider en partie avec les sources des sagas. Mais, contrairement à la tradition ayant inspiré les scaldes, elles sont soumises dans les œuvres du clerc danois à des interpolations scolastiques avec les sujets, les vertus et le vocabulaire appropriés à la culture antique. Cependant, cette interpolation ne consistait pas à l’introduction dans le récit d’épisodes classiques, mais à l’emploi dans le récit de caractéristiques de la littérature classique. Les traditions nordiques intéressaient Saxo dans la mesure où elles pouvaient dépasser l’histoire locale et correspondaient à l’histoire universelle. Dans son « laboratoire scientifique », l’usage des traditions précédentes était très sélectif.

Cette collision de deux traditions est clairement visible dans un exemple spectaculaire dans lequel le vocabulaire nordique, à mon avis, a été remplacé par l’usus antiquorum. Saxo n’utilise jamais des formes latinisées du terme Garðaríki pour désigner la Rous’ (ou plus précisément Novgorod et ses environs70). Cependant, il mentionne les toponymes scandinaves normalement associés à Garðaríki : Polotsk, Novgorod et Kyiv, même si leur localisation reste assez vague. En même temps, dans la partie « légendaire », l’Hellespontus et la Scythia apparaissent toujours comme des parties de la Ruscia. Les Huns qui ne sont mentionnés qu’en tant que peuple, mais qui n’ont pas leur propre choronyme, doivent être inclus dans les limites de l’Hellespontus. Ainsi, la Ruscia est comprise dans l’ensemble des pays de l’Oriens-Eous, une partie du monde où se mélangent les peuples, les époques et les cultures, une sorte de « Grand Est » où s’unissent des phénomènes très variés. Cette vision des territoires orientaux était associée à la pénétration non systématique, mais plutôt extraordinaire, des Scandinaves à l’est71 et à Byzance, pénétration à la fois géographique et mythologique72. Celle-ci se traduit par le passage par des cercles concentriques, dont chacun présentait à la fois des différences culturelles et ethniques et des éléments communs73.

Une telle vision de Saxo réunissant la Ruscia et la Scythia trouve des parallèles dans la géographie mentale d’Adam de Brême74. Au xie siècle, Adam de Brême était le dernier auteur latin à utiliser systématiquement le terme vieux haut-allemand pour la Rous’, à savoir Ruzzia. L’ethnonyme Ruzzi est apparu pour la première fois chez le Géographe bavarois dans le sud-ouest de l’Allemagne au plus tard dans la deuxième moitié du ixe siècle75, mais à l’époque d’Adam, il s’est transformé en un archaïsme « scientifique », remplacé par des choronymes latinisés plus modernes. Cependant, c’est ce terme qui est utilisé dans le passage le plus mystérieux chez Adam où il parle d’Ostrogard Ruzziae76. Il est largement admis qu’Adam parle de Novgorod en raison du parallélisme certain entre ce terme et le nom norrois de la ville, à savoir Hólmgarðr. Néanmoins, on remarque que, du point de vue linguistique, ce terme est plus proche du stéréotype littéraire en vieux-norrois Austr i Górðum, qui voulait dire « à l’est en Gards » où la partie Austr signifiait Austrvegr, « voie orientale ». Ainsi, Ostrogard pourrait dériver du terme nordique reconstitué *Austra-garðr77. Ce néologisme issu du norrois latinisé, inventé peut-être par Adam de Brême, pourrait désigner la Rous’ dans son ensemble78, autrement dit le Garðaríki identifié avec la Ruzzia. Dans ce but, Adam a combiné les termes *Austra-garðr et Ruzzia pour former le néologisme Ostrogard Ruzziae littéralement « à l’est en Gards de Rous ».

Comme nous l’avons mentionné, Adam représentait l’Orient, y compris la Scythie, comme un arc immense reliant la mer Baltique et la mer Noire en passant par l’Europe de l’Est79, ce qui correspondait à l’Austrvegr des sagas. En général, la conception de l’Orient que nous trouvons chez Saxo et qui unit la Ruscia, la Scythia, l’Hellespontus et les Hunni est très proche de la géographie mentale d’Adam de Brême. Il ne serait pas trop audacieux de suggérer que Saxo a remplacé systématiquement les termes norrois Austr i Górðum et Garðaríki, déjà transformés par Adam de Brême en Ostrogard, par les termes latins Ruscia, Oriens et Eous en formant ainsi son « Grand Est », partie de l’arc sacré menant à Byzance80.

Dans cette situation intellectuelle, il est difficile d’accepter que le nom Hellespontus désigne le cours inférieur du fleuve Daugava et que la Ruscia de Saxo, région avec une forte culture maritime, se trouve au centre de l’Europe orientale, région éloignée de la mer81. Comme la plupart des auteurs latins, Saxo utilise le principe « pars pro toto » pour désigner l’ensemble des peuples de l’Europe d’Est. Même si ces peuples ne se considéraient pas eux-mêmes comme des Rous’, ils se révèlent, dans une perspective occidentale, être des Rutheni82. La Rous’ et les Ruthènes sont soumis dans l’œuvre de Saxo à une approche généralisatrice.

De plus, Saxo avait non seulement une vision floue des terres lointaines comme celles des Rutheni, mais s’intéressait peu à ses voisins immédiats et disposait d’informations très superficielles sur eux. Les informations de Saxo sur la Pologne et ses habitants (« Polonia », « Polani », « Polanenses »83) se limitent à cinq épisodes dont un épisode « légendaire », ce dernier évoquant la lutte contre le géant Wasce et localisant la Pologne en Europe de l’Est sur la route de Byzance. Ensuite, la Pologne, bien que proche, est loin des centres d’intérêt de Saxo, tels qu’il les présente dans les livres « historiques ». Même s’il est au courant du mariage du roi Magnus avec la fille du prince Boleslas III (Bokisclavus), Saxo n’a aucune information supplémentaire ; la Pologne ne l’intéresse que comme alliée en 1129 ou adversaire en 1136 et en 1170 dans la guerre contre les Slaves de Poméranie84.

Les Sclavi, voisins et adversaires principaux des Danois, sont présents dès les premières pages du récit de Saxo. Cependant, les Rugyenses et la Rugia, une partie inséparable du monde slave, n’entrent dans l’horizon de Saxo que dans la période « historique », surtout dans les livres XIV-XVI (avec plus de 28 épisodes !) où ils sont l’objet de guerres et de processus de christianisation. En ce sens, le sort des Rutheni de Saxo est complètement différent de celui des Rugyenses. Ces deux groupes ethniques ne sont en aucune manière identifiés par le clerc danois, ni linguistiquement, ni géographiquement. La Ruscia de Saxo ne peut être localisée ni dans l’espace baltique, ni être en rapport avec l’île de Rügen, Rugia. Cependant, une telle identification est un préjugé courant chez les anti-normanistes russes et ukrainiens qui essayent d’utiliser les textes de Saxo à leur profit. C’est dans ce but que la première traduction des Gesta Danorum en russe a été publiée récemment85, quoique sa lecture objective ne laisse aucun doute que Saxo a décrit deux entités totalement différentes.

Il convient de rappeler que les attaques des anti-normanistes contre la science académique durent depuis près de 250 ans et sont perçues comme un débat historique sur le normanisme et l’anti-normanisme. Ces attaques sont associées à une tentative de présenter les Rous’ et les Varègues comme des Slaves occidentaux de l’île de Rügen86. Un des partis pris est le fait linguistique que, dans la tradition allemande, les Rous’ ont été assez rarement appelés Rugi. Ce terme est attesté dans les textes latins à partir du xe siècle87. Il appartient sans doute à la même tradition ethno-géographique antiquisante que celui de Rutheni. Les raisons étymologiques ayant suscité ce néologisme semblaient jusqu’à présent peu fondées, bien qu’il nous renvoie directement à l’un des peuples germaniques connus des auteurs anciens. Le lien direct de l’ethnonyme avec l’Europe de l’Est et les Rous’ et la Rous’ est confirmé non seulement par le contexte écrit, mais aussi par les auteurs des xie et xiie siècles. Ils ont dû expliquer au lecteur le sens du terme qui, à cette époque, était déjà hors d’usage. Ainsi, l’auteur des Annales de Hildesheim a changé les Rugi en Ruscie gens et Robert de Torigni fut obligé de préciser l’information de son prédécesseur Orderic Vital en disant que « le roi des Rugi, c’est-à-dire de la Rous’ (rex Rugorum id est Russie)88 ». Il est impossible d’établir un quelconque lien entre les Rugi et la Rous’ du xe siècle d’une part, et l’île de Rügen, les Rugyenses – habitants de Rügen du xiie siècle – et la Rous’ d’une autre part.

L’analyse intertextuelle des Gesta Danorum et de l’Historia Langobardorum de Paul Diacre peut nous donner des indices sur les origines possibles de l’ethnonyme antiquisant Rugi qui désigne les Rous’ de l’Europe de l’Est. Saxo, qui fait directement référence aux informations de Paul sur la migration lombarde, transmet le récit sous une forme abrégée. Cependant, il précise que le point de départ des Lombards était Gutlandia (transformée en l’île de Gotland dans la traduction de J.-P. Troadec89), et non « l’île appelée Scadinavia (insula quae Scadinavia dicitur) » selon Paul Diacre90. Ensuite, selon Saxo, ils se sont dirigés vers la Rugie où « ils abandonnèrent leurs navires et gagnèrent la terre ferme (Tandem ad Rugiam se applicantes desertisque navigiis solidum iter ingressi)91 ». En même temps, il laisse de côté des détails géographiques importants selon Paul sur leur installation dans la province « Norique sur le Danube (Noricum […] Noricorum finibus idem Danubius separat) » sur les « terres ou la patrie des Rugi (Rugiland […] Rugorum patria)92 ». Ainsi, Saxo différencie les Lombards de la Norique, pays des Rugi, et associe cette information avec l’île de Rügen qui était incluse dans la zone des intérêts immédiats des Danois.

Cependant, la Norique et l’Illyrie voisine se révèlent dans le Récit des temps passés comme lieu de mémoire des Slaves orientaux et ensuite des Rous’ : après le Déluge, le peuple slave des Noriciens s’installe sur le Danube en Illyrie où il est christianisé par l’apôtre Paul et se déplace ensuite vers l’Europe de l’Est. Le chroniqueur du début du xiie siècle écrit : « De ces Slaves, nous sommes aussi [issus], les Rous’93 ». Nous ne pouvons pas exclure l’hypothèse selon laquelle l’inventeur médiéval du terme Rugi pour les Rous’ aurait eu connaissance de la chaîne complexe d’associations entre Rugorum patria, Norique, Slaves et Rous’.

Conclusion

Les récits de Saxo sur la Rous’ reflètent avant tout la géographie mentale et les stéréotypes ethniques de l’élite intellectuelle médiévale, construits sur la tradition orale et les textes littéraires. Le monde du clerc danois, qui semble si immense en raison de son encyclopédisme « historique » mentionnant aussi bien l’Islande que Byzance, était en fait un monde assez petit, le monde d’une petite province médiévale, celui du royaume danois et de son voisinage direct. Ce monde était d’abord celui d’un savant danois, avec toutes les lacunes et les visions imaginaires que cela implique sur les autres régions.

En même temps, l’analyse de ce monde et ses stéréotypes nous montre bien dans quelle mesure il est dangereux de parler, comme le font certains auteurs, de « constitution et diffusion » d’un savoir occidental sur le monde de l’Europe de l’Est en se fondant sur un catalogue des mentions des Rous’ et de la Rous’ dans des textes de caractères différents94. Chaque mention possède sa généalogie textuelle et intellectuelle qui demande à être étudiée de plus près. Le laboratoire de Saxo est comme une mystérieuse machine à remonter le temps qui transforme non seulement l’histoire universelle en antiquité nationale, mais aussi le présent en passé. Ainsi, les Gesta Danorum représentent une source originale, mais documentent moins les relations historiques entre le Danemark et l’Europe orientale que la perception qu’avait la société danoise d’alors de ses lointains voisins orientaux.

Notes

1 Jacques Le Goff, « Pourquoi le xiiie siècle a-t-il été plus particulièrement un siècle d’encyclopédisme ? », dans Michelangelo Picone (éd.), L’Enciclopedismo medievale, Ravenne, A. Longo, 1994, p. 23-40. Return to text

2 Ипатьевская летопись [Ipat’evskaâ letopis’, Chronique hypatienne], [Aleksej Šaxmatov (éd.)], Saint-Pétersbourg, Imperatorskaja arxeografičskaja komissija (Полное собрание русских летописей [Polnoe sobranie russkih letopisej, Сollection complète des chroniques russes], II), 1908. Pour la traduction française, voir Chronique dite de Nestor, trad., introd. et comm. Louis Léger, Paris, Leroux (Publications de l’École des Langues orientales vivantes, 2de série, XIII), 1884. Nous préférons ne pas employer le terme « Chronique de Nestor », invention des savants du xviiie siècle qui se basent sur la tradition du Moyen Âge tardif. Return to text

3 Tetiana Vilkul, Літопис і хронограф. Студії з домонгольського київського літописання [Lìtopis ì hronograf. Studìï z domongol’s’kogo kiïvs’kogo lìtopisannâ, La chronique et le chronographe. Études de l’histoire de la chronographie pré-mongole], Kyiv, Institut d’histoire de l’Ukraine de l’Académie nationale des sciences de l’Ukraine, 2015. Return to text

4 Magistri Vincentii Chronica Polonorum, Marian Plezia (éd.), Cracovie, Secesja (Monumenta Poloniae Historica, Series Nova, XI), 1994. Return to text

5 Galli Anonymi Cronica et Gesta ducum sive principum polonorum, Karol Maleczyński (éd.), Cracovie, Polska Akademia Umiejętności (Monumenta Poloniae Historica, Series Nova, II), 1952. Return to text

6 Paweł Żmudzki, « New Versions of the Tales of Gallus Anonymus in the Chronicle of Master Vincentius », Acta Poloniae Historica, vol. CXII, 2015, p. 141-157. Return to text

7 Scriptores minores historiae Danicae medii aevi, vol. I, Martin Gertz (éd.), Copenhague, Gad, 1917. Voir aussi : Birgit Sawyer, « Valdemar, Absalon and Saxo : Historiography and Politics in Medieval Denmark », Revue belge de philologie et d’histoire, vol. LXIII, n° 4, 1985, p. 685-705, ici p. 687-688. Return to text

8 Voir pour la discussion sur l’utilisation des sources norroises par Saxo : Bjarni Guðnason, « The Icelandic Sources of Saxo Grammaticus », dans Karsten Friis-Jensen (éd.), Saxo Grammaticus. A Medieval Author Between Norse and Latin Culture, Copenhague, Museum Tusculanum Press, 1981, p. 79-93 ainsi que la contribution de Peter Andersen et Jules Piet dans ce même volume. Return to text

9 Le thème de la représentation des groupes ethniques et des peuples chez Saxo a été peu étudié. Voir : Tomas Baranauskas, « Saxo Grammaticus on the Balts », dans Tore Nyberg (éd.), Saxo and the Baltic Region : A Symposium of the Centre for Medieval Studies at the University of Southern Denmark for the Year 2000, Odense, University Press of Southern Denmark, 2004, p. 63-79; Niels Henrik Holmqvist-Larsen, « Saxo : On the Peoples Beyond the Baltic Sea », dans T. Nyberg (éd.), Saxo and the Baltic Region…, op. cit., p. 81-91. Return to text

10 Sur l’opposition positiviste des signes et symboles et des res fictae chez Saxo, voir : Eric Christiansen, « The Place of Fiction in Saxo’s Later Books », dans K. Friis-Jensen, Saxo Grammaticus…, op. cit., p. 27-37. Return to text

11 Régis Boyer, En lisant Saxo Grammaticus. Le passé légendaire du Danemark, Paris, Les Belles Lettres (Collection Vérité des mythes, XLIX), 2016, p. 23-24. Voir aussi : Kurt Johannesson, Saxo Grammaticus : komposition och världsbild i “Gesta Danorum”, Stockholm, Almqvist och Wiksell (Lychnos bibliotek, XXXI), 1978. Sur les exempla virtutis romains chez Saxo, voir : Lars Hermanson, « Friendship and Politics in Saxo Grammaticus’ Gesta Danorum », Revue belge de philologie et d’histoire, vol. LXXXIII, n° 2, 2005, p. 261-284. Return to text

12 Les chercheurs et traducteurs interprètent généralement les Rutheni et la Ruscia comme les Russes et la Russie, parfois aussi comme la Ruthénie, la partie occidentale de l’Ukraine moderne : John Frankis, « Lawman and the Scandinavian Connection », Leeds Studies in English, vol. XXXI, 2000, p. 81-113, ici p. 97 ; R. Boyer, En lisant Saxo Grammaticus…, op. cit., p. 44, 98. Return to text

13 Elena Melnikova et Vladimir Petrukhin, « The Origin and Evolution of the Name Rus’. The Scandinavians in Eastern-European Ethno-political Processes Before the 11th Century », Tor, vol. XXIII, 1990-1991, p. 203-234. Return to text

14 Pour l’année 1089, la chronique nous informe que l’empereur épousa Praxeda, « fille du roi des Ruthènes [Rutenorum regis filiam] », sans doute Eupraxie où Adélaïde, fille du prince de Kyiv Vsevolod Jaroslavich (1076-1077, 1078-1093), mariée avec l’empereur du Saint-Empire romain Henri IV : « Annales Augustani », dans Annales, chronica et historiae aevi Saxonici, Georg Heinrich Pertz (éd.), Hanovre, Hahn (MGH, SS rer. Germ., III), 1839, p. 123-136, ici p. 133. Return to text

15 Boris Unbegaun, L’origine du nom des Ruthènes, Winnipeg, Académie ukrainienne libre des sciences, 1953. Return to text

16 GD XI.6.3, XIII.7.3, XIV.14.2, XIV.57.1. Voir aussi Tore Nyberg, « Marriage and Politics in Saxo’s Gesta Danorum », dans T. Nyberg, Saxo and the Baltic Region…, op. cit., p. 39-48. Return to text

17 GD XIV.17.1. Return to text

18 GD XII.7.1. Return to text

19 GD XI.6.3. Return to text

20 Aleksandr Nazarenko, Древняя Русь на международных путях : Междисциплинарные очерки культурных, торговых, политических связей ix-xii вв. [Drevnââ Rus’ na meždunarodnyh putâh : Meždisciplinarnye očerki kul’turnyh, torgovyh, političeskih otnošenij ix-xii vekov, La Rous’ ancienne sur les routes internationales : essais interdisciplinaires sur les relations culturelles, commerciales et politiques aux ixe-xiie siècles], Moscou, Âzyki russkoj kul’tury, 2001, p. 522-524, 589. Return to text

21 Faut-il croire que le terme nepos servait de nom générique à tous les descendants de la lignée masculine, à partir de la troisième génération ? Voir quand même : Régine Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (viie-xe siècle) : Essai d’anthropologie sociale, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2003, en ligne : <http://books.openedition.org/psorbonne/24606 >. Return to text

22 GD XI.6.3. Return to text

23 Christian Raffensperger, Ties of Kinship : Genealogy and Dynastic Marriage in Kyivan Rus’, Cambridge, MA, Harvard University Press, 2016, p. 114-118. Return to text

24 Wilhelmi abbatis Genealogia regum Danorum, Martin Gertz (éd.), Copenhague, Gad (Scriptores minores historiae Danicae medii aevi, I), 1917, p. 176-185, ici p. 182-183. Return to text

25 GD X.14.7. Return to text

26 Adam de Brême, Hamburgische Kirchengeschichte, Bernhard Schmeidler (éd.), Hanovre/Leipzig, Hahn (MGH SS rer. Germ., II), 1917, p. 114-115 (II.54, schol. 39 [40]) ; Raoul Glaber, Histoires, Mathieu Arnoux (éd. et trad.), Turnhout, Brepols (Miroir du Moyen Âge), 1996, p. 258-259. Le prince rous’ était très vraisemblablement Ilia (Elie), fils de Jaroslav le Sage et prince de Novgorod avant 1033/1034. Voir Aleksandr Musin, « La formation de la politique matrimoniale et la “diaspora normande” en Europe au xie siècle : l’exemple d’Anne de Kiev », dans David Bates et Pierre Bauduin (éd.), Penser les mondes normands médiévaux (911-2011), Actes du colloque international de Caen et Cerisy, 29 septembre-2 octobre 2011, Caen, Presses universitaires de Caen, 2016, p. 177-206. Return to text

27 Snorri Sturluson, Heimskringla, vol. III, Bjarni Aðalbjarnarson (éd.), Reykjavík, Hið íslenzka fornritafélag (Íslenzk fornrit, XXVIII), 1951, p. 258 ; Sǫgur Danakonunga, 1, Sǫgubrot af fornkonungum, 2, Knytlinga saga, Carl Petersen et Emil Olsson (éd.), Copenhague, Háskóli Íslands (Samfund til Udgivelse af gammel nordisk Litteratur, XLVI), 1919-1925, p. 203. Return to text

28 Anna Litvina et Fedor Uspensky, Выбор имени у русских князей в X–XVI вв.: Династическая история сквозь призму антропонимики [Vybor imeni u russkih knâzej v X–XVI vv.: Dinastičeskaâ istoriâ skvoz’ prizmu antroponimiki, Le choix des noms parmi les princes russes aux xe-xvie siècles : l’histoire dynastique au prisme de l’anthroponymie], Moscou, Indrik, 2006, p. 58, 95. Return to text

29 GD X.16.1 ; XI.6.3. Return to text

30 GD XIV.14.2. Return to text

31 Cependant, Saxo était au courant des mariages de Richezza avec Magnus et Sverker, voir GD XIII.5.2. Return to text

32 Wilhelmi abbatis Genealogia…, op. cit., p. 184; Fagrskinna : Nóregs kononga tal, Finnur Jónsson (éd.), Copenhague, Møller (Samfund til Udgivelse af gammel nordisk Litteratur, XXX), 1902-1903, p. 300; Sǫgur Danakonunga…, op.cit., p. 242. Voir aussi : Nicolas de Baumgarten, Généalogies et mariages occidentaux des Rurikides russes : du xe au xiiie siècle, Rome, Pont (Institutum Orientalium Studiorum, Orientalia Christiana, XXXV), 1927, p. 23-26 ; Jarl Gallén, « Vem var Valdemar den stores drottning Sofia ? », Historisk Tidskrift för Finland, vol. LXI, 1976, p. 273-288 ; Tatjana N. Jackson, Исландские королевские саги о Восточной Европе. Тексты, перевод, комментарий [Islandskie korolevskie sagi o Vostočnoj Evrope. Teksty, perevod, kommentarij, Les sagas royales islandaises sur l’Europe de l’Est. Textes, traduction, commentaire], 2e édition, Moscou, Universitet Dmitriâ Požarskogo, 2012 [1e édition, 1993], p. 512-513. Return to text

33 GD XIV.57.1. Return to text

34 GD XIV.17.1. Return to text

35 GD XII.7.1. Return to text

36 GD X.16.1. Return to text

37 GD XIV.4.4. Return to text

38 Il convient de rappeler que les livres « historiques » ont probablement été écrits par Saxo avant les livres « légendaires ». Voir : Sigurd Kværndrup, « The Composition of the Gesta Danorum and the Place of Geographic Relations in Its Worldview », dans T. Nyberg, Saxo and the Baltic Region…, op. cit., p. 23-38. Return to text

39 GD III.4.1-7, VIII.10.7, IX.4.21. Return to text

40 GD II.1.6, V.7.5, IX.4.29. Return to text

41 GD II.1.8, V.7.1-13, VI.7.14, VII.9.7, IX.4.20-32. Return to text

42 GD VI.1.1, VI.2.1, VII.9.17, VIII.10.9, IX.4.20, XIV.14.2, XIV.57.1. Return to text

43 GD III.4.1-7. Return to text

44 GD III.4.1. Return to text

45 R. Boyer, En lisant Saxo…, op. cit., p. 162, 189, 197-198. Return to text

46 Лаврентьевская летопись [Lavrent’evskaâ letopis’, Chronique laurentienne], [Efimij Karskij (éd.)], Moscou, Jazyki russkoj kul’tury (Полное собрание русских летописей [Polnoe sobranie russkih letopisej, Сollection complète des chroniques russes], I), 1997, p. 300 (à l’année 6636 [1128 AD]). Voir aussi : Aleksandr Musin, « Transferts culturels, identités et valeurs socioculturelles. L’exemple des Rous », dans Pierre Bauduin, Simon Lebouteiller et Luc Bourgeois (éds.), Les transferts culturels dans les mondes normands médiévaux (viiie-xiie siècle). Objets, acteurs et passeurs, Turnhout, Brepols (Cultural Encounters in Late Antiquity and the Middle Ages, XXXVI), 2021, p. 239-262, ici p. 247-249. Return to text

47 GD V.7.1-13. Return to text

48 GD V.7.13. Return to text

49 Tatjana N. Jackson, Eastern Europe in Icelandic Sagas, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2019, p. 71-84. Return to text

50 GD IX.4.20-32. Les prénoms Rathbarthus, Regnerus et Regnaldus sont souvent associés chez Saxo à la Ruscia. Cela suggère un parallèle évident avec les Scandinaves dans l’histoire de l’Europe de l’Est : Rogvold de Polotsk et Ragnvald de Ladoga/Aldeigjuborg. Return to text

51 GD V.7.5. Return to text

52 L’exécution au moyen d’arbres est mentionnée dans la littérature antique et byzantine chez Ovide, Apollodore d’Athènes et Léon le Diacre ; le dernier cas concerne la Rous’ et l’Europe de l’Est. Voir par exemple : Robert Cook, « Russian History, Icelandic Story, and Byzantine Strategy in Eymundar Þáttr Hringssonar », Viator. Medieval and Renaissance Studies, vol. XVII, 1986, p. 65-89, ici p. 82-84. Return to text

53 GD VI.5.14, VII.9.7. Le dernier détail nous renvoie à l’histoire de Vladimir et Rogneda, déjà connue. Voir aussi l’histoire des Varègues de Jaroslav le Sage à Novgorod qui faisaient violence aux femmes des Novgorodiens : Ипатьевская летопись…, op. cit., p. 127 (à l’année 6524 [1016 AD]). Return to text

54 Henri Omont, « Vices et vertus des différents peuples », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. XLV, 1884, p. 580-581. Return to text

55 GD II.1.4. Return to text

56 T. Baranauskas, « Saxo Grammaticus… », op. cit. p. 69-76, 78-79. Return to text

57 GD II.1.6-8. Return to text

58 GD I.6.10. Ce sujet a des parallèles dans les traditions folkloriques du Moyen-Orient et de l’Europe septentrionale et occidentale (par exemple Óláfs saga Tryggvasonar de Snorri Sturluson, Geoffroy de Monmouth) ; Elena Rydzevskaja, Древняя Русь и Скандинавия в ix-xiv вв.: Материалы и исследования [Drevnââ Rus’ i Skandinaviâ v ix-xiv vv.: Materialy i issledovaniâ, La Rous’ ancienne et la Scandinavie aux ixe-xive siècles : Matériaux et études], Moscou, Nauka, 1978, p. 200-202. Voir un récit similaire dans Ипатьевская летопись…, op. cit., p. 47-48 (à l’année 6454 [946 AD]). Citons ici d’autres histoires légendaires de Saxo qui trouvent des parallèles dans les chroniques de l’Europe de l’Est : les chevaux de bronze de Regnerus sur petites roues dans la campagne contre les Scythes et les Ruthènes (GD IX.4.21) et les navires du prince Oleg posés sur des rouleaux dans la campagne contre Constantinople ; les ruses de Daxon et d’Oleg qui s’emparèrent des villes en se faisant passer pour des marchands (GD IX.4.29 ; Ипатьевская летопись…, op. cit., p. 16, 21 (sur les années 6390 et 6415 [882 et 907 AD]). Return to text

59 T. Jackson, Eastern Europe…, op. cit., p. 93-97. Return to text

60 Heinrici chronicon Livoniae, Leonid Arbusow et Albert Bauer (éd.), Hanovre, Hahn (MGH, SS rer. Germ., XXXI), 1955, p. 86, 89, 91, 118, 119, 122, 132, 142, 145, 172, 176, 180, 184, 216 (XIV.12, XV.1, XV.3, XVIII.5, XIX.8, XXI.2, XXI.5, XXIV.3, XXIV.6, XXV.2, XXV.5, XXX.2). Return to text

61 Marika Mägi, In Austrvegr. The Role of the Eastern Baltic in Viking Age Communication Across the Baltic Sea, Leiden/Boston, Brill (The Northern World, LXXXIV), 2018, p. 287. Return to text

62 Il ne faut pas oublier que le nom de la ville Rotala est phonétiquement proche d’un autre ethnonyme antiquisant, qui a servi aux xie et xiie siècles pour désigner les Rous – Rutuli – mentionnés chez Tite-Live et Virgile. Cet ethnonyme est cité dans la Continuatio Chronici Hermanni Contracti comme rex Rittulorum et dans le Chronicon Vezeliacense comme rex Rus(t)ulorum dont la forme initiale était sans doute rex Rutulorum. Voir : Recueil des historiens des Gaules et de la France, vol. XI, Martin Bouquet (éd.), Paris, Delatour, 1767, p. 384 ; Die sogenannten St. Galler Annalen. Eine anonyme Fortsetzung der Chronik Hermanns des Lahmen (1054-1102), Benedikt Marxreiter (éd.), Wiesbaden, Harrassowitz (MGH, SS rer. Germ., LXXIX),  2022, p. 1-19. Voir aussi : A. Nazarenko, Древняя Русь…, op. cit., p. 42. Return to text

63 Mārtiņš Lūsēns, « Jauns skandināvu kapulauks Kurzemē [Nouveau champ funéraire scandinave à Kurzeme] », dans Juris Urtāns et Ingrīda Līga Virse (éd.), Arheologu pētījumi Latvijā 2014. un. 2015. Gadā, Riga, Nordik, 2016, p. 58-62. Return to text

64 Aleksandr Musin, « Rus’, Waräger, Wikinger ? Ein historisch-archäologisches Panorama skandinavischer Präsenz im östlichen Zentraleuropa vom 8. bis 12. Jahrhundert », dans Viola Skiba, Nikolas Jaspert et Bernd Schneidmüller (éds.), Norman Connections. Normannische Verflechtungen Zwischen Skandinavien und dem Mittelmeer, Ratisbonne, Schnell & Steiner, 2022, p. 58-93, ici p. 71, 73, 80, 83. Return to text

65 Ипатьевская летопись…, op. cit., p. 63 (à l’année 6488 [980 AD]); où est indiqué que Rogvold de Polotsk est venu d’au-delà de la mer. Return to text

66 T. Baranauskas, « Saxo Grammaticus… », op. cit., p. 76-77. Return to text

67 GD I.6.10. Return to text

68 Voir sur les espaces chez Saxo : Lars Hermanson, « Saxo and the Baltic : Danish Baltic-Sea Policies at the End of King Niels’ Reign, 1128-1134. Foreign Policy or Domestic Affairs? », dans T. Nyberg, Saxo and the Baltic Region…, op. cit., p. 105-113 ; Agnès Guénole, « Immensité, délimitation et appropriation de la mer dans les Gesta Danorum de Saxo Grammaticus », dans Alban Gautier et Sébastien Rossignol (éds.), De la mer du Nord à la mer Baltique. Identités, contacts et communications au Moyen Âge, Lille, Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, 2012, p. 173-188. Return to text

69 Voir à ce sujet : Kurt Villads Jensen, « The Blue Baltic Border of Denmark in the High Middle Ages : Danes, Wends and Saxo Grammaticus », dans David Abulafia et Nora Berend (éds.), Medieval Frontiers : Concepts and Practices, Aldershot/Burlington, Ashgate, 2002, p. 173-192. Return to text

70 T. Jackson, Eastern Europe…, op. cit., p. 65-69. Return to text

71 Cette pénétration des Scandinaves à l’Est y compris vers Finnia et Biarmia peut être liée à la localisation de la campagne militaire de Starcatherus et Bemonus contre Floccus, chef des Ruthènes (Rutenorum principus ; GD VI.5.9) dans le paysage finlandais typique. Return to text

72 Dans cette perspective “géo-mythologique’, Byzance était la patrie des Ases qui ont étudié la scientia grecque, sources de la sapientia chrétienne, et appartenait au monde de l’Oriens-Eous. Sur la Byzance de Saxo, voir : Inge Skovgaard-Petersen, « The Way to Byzantium. A Study in the First Three Books of Saxo’s History of Denmark », dans K. Friis-Jensen, Saxo Grammaticus…, op. cit., p. 121-133 ; Stergios Laitsos, « “Byzantium’ und Saxo Grammaticus », dans Wolfram Hörandner (éd.), Wiener Byzantinistik und Neogräzistik. Beiträge zum Symposion Vierzig Jahre Institut für Byzantinistik und Neogräzistik der Universität Wien im Gedenken an Herbert Hunger (Wien, 4.-7. Dezember 2002), Vienne, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 2004, p. 272-286. Return to text

73 Voir une approche similaire des voyages scandinaves en Europe de l’Est dans : Benoît Humbert, « Voyages en Russie et définition des marges du monde scandinave dans les fornaldarsögur »,  Tabularia, Dossier « Autour des sagas : manuscrits, transmission et écriture de l’histoire », 2016, seulement en ligne : <https://doi.org/10.4000/tabularia.2236>. On peut dire que les connaissances que Saxo a des pays lointains sont soumises au genre du voyage dans un autre monde peuplé de personnages gigantesques, difformes ou monstrueux. Cf. R. Boyer, En lisant Saxo Grammaticus…, op. cit., p. 248. Return to text

74 Thomas Foerster, « Imagining the Baltic. Mental Mapping in the Works of Adam of Bremen and Saxo Grammaticus, Eleventh – Thirteenth Centuries », dans Wojtek Jezierski et Lars Hermanson (éds.), Imagined Communities on the Baltic Rim, from the Eleventh to Fifteenth Centuries : From the Eleventh to Fifteenth Centuries, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2016, p. 37-58. Return to text

75 Walter Helmut Fritze, « Die Datierung des Geographus Bavarus », Zeitschrift für Slavische Philologie, vol. XXI, n° 2, 1952, p. 326-242. Voir aussi le diplôme de l’empereur Louis II dit le Germanique pour l’abbaye de Niederalteich, Bavière (862/863) qui mentionne Ruzaramarcha : Die Urkunden Ludwigs des Deutschen, Karlmanns und Ludwigs des Jüngeren, Paul Kehr (éd.), Berlin, Weidmann (Die Urkunden der deutschen Karolinger, I), 1934, p. 157. Return to text

76 Adam de Brême, Hamburgische Kirchengeschichte…, op. cit., p. 80, 240 (II.22, IV.11). Return to text

77 Древняя Русь в свете зарубежных источников : Хрестоматия, t. IV : Западноевропейские источники [Drevnââ Rus’ v svete zarubežnyh istočnikov : Hrestomatiâ, vol. IV : Zapadnoevropejskie istočniki, La Rous’ ancienne à la lumière des sources étrangères : recueil de textes, vol. IV, Sources de l’Europe occidentale], Aleksandr Nazarenko (éd.), Moscou, Russkij Fond Sodejstviâ Obrazovaniû i Nauke, 2010, p. 128. Return to text

78 Voir, par exemple Ruzzia vocatur a barbaris Danis Ostrogard (la Rous’ appelée Ostrogard par les barbares Danois) : Adam de Brême, Hamburgische Kirchengeschichte…, op. cit., p. 240 (schol. 120 [116]). Return to text

79 Tatjana N. Jackson, « Scythia and the Scythian Sea on the Mental Map of Adam of Bremen », dans Grzegorz Bartusik, Radosław Biskup et Jakub Morawiec (éds.), Adam of Bremen’s Gesta Hammaburgensis Ecclesiae Pontificum : Origins, Reception and Significance, Londres/New York, Routledge, 2022, p. 234-245. Return to text

80 L’itinéraire des campagnes militaires de Starcatherus avait une structure circulaire (GD VI.5.9-15). Return to text

81 M. Mägi, In Austrvegr…, op. cit., p. 286. Return to text

82 Aleksandr Musin, « Value Orientation and the Image of the Orbis Gentium in Medieval East European Societies », dans Przemysław Wiszewski (éd.), Memories in Multi-Ethnic Societies : Cohesion in Multi-Ethnic Societies in Europe from c. 1000 to the Present, vol. I, Turnhout, Brepols, 2020 (Early European Research, XV), p. 289-323. Return to text

83 GD VI.5.15, XIII.5.2, XIV.4.2, XIV.42.21, XV.1.4. Return to text

84 Pomerania et Pomerani ont été souvent mentionnés dans les livres XIV et XVI de Saxo. Dans un certain nombre de cas, l’information de Saxo aide à comprendre les particularités des relations entre les princes polonais et les Slaves baltiques au xiie siècle et le caractère éphémère du contrôle de ces premiers sur la Poméranie. Voir : Zbigniew Dalewski, « Pomerania in the Politics of the 12th century », dans Stanisław Rosik (éd.), Europe Reaches the Baltic. Poland and Pomerania in the Shaping of European Civilization (10th-12th Centuries), Wrocław, Uniwersytet Wrocławski, 2021 (Scripta historica Europaea, VI), p. 470-534. Return to text

85 Саксон Грамматик, Деяния данов [Sakson Grammatik, Deâniâ danov, Saxo Grammaticus, La Geste des Danois], 2 vol., vol. I : livres I-X, vol. II : livres XI-XVI, Andrei Dosaev (trad.), Igor Nastenko (éd.), 2e éd.,  Moscou, Russkaâ panorama, 2021 [1e édition, 2017] ; voir les remarques critiques dans : Vadim Khusainov, « Первый перевод на русский язык произведения Саксона Грамматика ‘Деяния данов’ » [Pervyj perevod na russkij âzyk proizvedeniâ Saksona Grammatika « Deâniâ danov », La première traduction en russe de l’ouvrage de Saxo Grammaticus La Geste des Danois], Диалог со временем [Dialog so vremenem, Dialogue avec le temps], vol. LXIV, 2018, p. 332-339. Return to text

86 A. Musin, « Rus’, Waräger, Wikinger ? », op. cit., p. 60-62. Return to text

87 Inquisitio de theloneis Raffelstettensis, dans Alfred Boretius (éd.), Leges. Capitularia regum Francorum, vol. II, Hanovre, Hahn (MGH, Capit., II), 1890, p. 250-252 ; Reginonis abbatis Prumiensis Chronicon cum continuatione Treverensi, Friedrich Kurze (éd.), Hanovre, Hahn (MGH, SS rer. Germ., L), 1890, p. 169-172. Return to text

88 Annales Hildesheimenses, Georg Waitz (éd.), Hanovre, Hahn (MGH, SS rer. Germ., VIII), 1878, p. 21-22 ; The Gesta Normannorum Ducum of William of Jumièges, Orderic Vitalis, and Robert of Torigni, vol. II, Elisabeth van Houts (éd. et trad.), Books V-VIII, New York, The Clarendon Press/Oxford University Press, 1995, p. 152 (VII.12 [28]). Voir aussi : Genealogia Welforum, Georg Waitz (éd.), Hanovre, Hahn (MGH, SS rer. Germ., XIII), 1881, p. 733-734. Return to text

89 GD VIII.13.2, p. 367. Return to text

90 Pauli Historia Langobardorum, Georg Waitz (éd.), Hanovre, Hahn (MGH, SS rer. Lang., I), 1878, p. 45-187, ici p. 46, 56-57 (I.2, I.19). Return to text

91 GD VIII.13.2. Return to text

92 Pauli Historia Langobardorum…, op. cit., p. 45-187, ici p. 46, 56-57 (I.2, I.19). Return to text

93 Ипатьевская летопись…, op. cit., p. 5 (sans l’année), 20 (à l’année 6406 [989 AD]). Return to text

94 Voir sur cette approche : Stéphane Mund, « Constitution et diffusion d’un savoir occidental sur le monde “russe” au Moyen Âge (fin xe-milieu xve siècle) », Le Moyen Âge, vol. C, 2004, p. 275-314, 539-593. Return to text

References

Bibliographical reference

Aleksandr Musin, « Ruscia et Rutheni dans les Gesta Danorum de Saxo Grammaticus », Source(s) – Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe, HS1 | 2024, 131-147.

Electronic reference

Aleksandr Musin, « Ruscia et Rutheni dans les Gesta Danorum de Saxo Grammaticus », Source(s) – Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe [Online], HS1 | 2024, Online since 27 décembre 2024, connection on 23 avril 2025. URL : https://www.ouvroir.fr/sources/index.php?id=930

Author

Aleksandr Musin

Aleksandr Musin est membre de l’Académie polonaise des sciences, accueilli à l’université de Caen Normandie dans le cadre du programme PAUSE, et du centre Michel de Boüard (CRAHAM, UMR 6273) / Aleksandr Musin is member of the Polish Academy of Sciences, hosted by the University of Caen Normandy as part as the program PAUSE, and of the Centre Michel de Boüard (CRAHAM, UMR 6273) / Aleksandr Musin ist Mitglied der Polnischen Akademie der Wissenschaften, Gast an der Universität Caen Normandie im Rahmen des PAUSE-Programms und Mitglied des Centre Michel de Boüard (CRAHAM, UMR 6273).

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