Les Monts-Métallifères classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO

p. 341-342

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Au titre d’expert pour l’ICOMOS (International council on monuments and sites), Pierre Fluck, professeur émérite d’archéologie industrielle et chercheur au CRÉSAT, a été convié à examiner le projet de classement des paysages miniers de l’Erzgebirge (Saxe et République Tchèque). Onze journées en juin 2018 ont été consacrées à la visite des sites et à la rencontre avec les acteurs locaux, régionaux ou nationaux de la dynamique de classement. Un rapport a été remis à l’ICOMOS le 31 juillet 2018. L’ICOMOS a donné en mai 2019 à l’adresse de l’UNESCO son approbation pour le classement, au titre de patrimoine mondial, de l’Erzgebirge.

L’ensemble des sites vient s’inscrire dans un rectangle de 95 × 45 km. Le dossier présenté par les porteurs du projet a retenu 22 entités, villes, mines souterraines et paysages miniers, milieux naturels anthropisés, infrastructures hydrauliques (canaux, chapelets d’étangs), biens culturels et patrimoine immatériel. Les critères de l’UNESCO (intégrité, authenticité, protection et développement durable, etc.) ont été passés au crible. Le dossier est d’une grande complexité dans la mesure où il rassemble des objets soumis aux réglementations locales, aux législations des Länder ou de la République Fédérale, ou à celles de la République Tchèque, tout comme leur gouvernance relève de divers ministères et organisations.

Au niveau de l’UNESCO, aucun autre dossier, dans le domaine des ressources minérales métalliques et de leur exploitation, ne peut être comparé à la candidature des Monts Métallifères. Les Cornouailles offrent sans doute une similitude par le grand nombre des exploitations, leur force formatrice de paysages et de villes, dessinant un système industriel tout entier. Une originalité cependant émerge pour les Monts Métallifères : leur situation transfrontalière. Une autre caractéristique de ce dossier est qu’il n’est pas né de la seule volonté politique : sa construction s’inscrit dans une logique participative de rassemblement. Des associations culturelles et des universitaires ont développé une formidable synergie, une mouvance à laquelle on peut appliquer le qualificatif de bottom up. Une troisième qualité réside dans le fait que la candidature, et la gestion patrimoniale appelée à la prolonger, ont pour effet une puissante accélération de la recherche scientifique, dont l’archéologie ne représente qu’une des facettes. C’est de la recherche en particulier que va se nourrir l’émergence d’une forme rénovée de tourisme culturel.

Les Monts Métallifères portent en germe, aux xiie et xiiie siècles, la culture minière germanique. Celle-ci a essaimé à travers la Mitteleuropa, à la faveur de migrations de mineurs en direction d’autres territoires au gré des découvertes, vers l’est jusqu’en Transylvanie, vers l’ouest jusque dans le Rhin Supérieur et les Monts du Lyonnais. On désigne cette étendue sous l’appellation de « province minière germanique », une entité qui rassemble des hommes, des mentalités, des traditions, une langue, une solidarité, une ingénierie des techniques, des modes productifs étonnamment semblables. Une certaine forme de préfiguration de l’Europe…

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Référence papier

« Les Monts-Métallifères classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO », Revue du Rhin supérieur, 1 | 2019, 341-342.

Référence électronique

« Les Monts-Métallifères classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO », Revue du Rhin supérieur [En ligne], 1 | 2019, mis en ligne le 01 novembre 2019, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.ouvroir.fr/rrs/index.php?id=120

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